«Qu'ils soient tristes et qu'elle s'effondre. Tu n'as qu'à hanter cet endroit. Mais j'ai juré de venger mon père. et je compte bien faire ce que j'ai décidé. Quitte à en mourir j'aurais au moins préserver la dignité de mon paternel... qui le mérite beaucoup plus que moi.
-Si tu ne me promets pas de revenir, je ne te laisserai pas monter... »  

Kazuma avait agrippé une de ses chevilles, l'obligeant à tomber sur le sol. Ceci fait, il la regarda dans les yeux, une bonne grosse minute, l'allongeant sur le sol. L'aigle aurait pû lui arracher un bras, partir avec un de ses yeux, quelque chose qui la forcerait à revenir... Ce qu'il fuit fut sûrement la seule chose bien qu'il pût faire dans toute une vie. Tenant ses poignets fermement et  bloquant ses jambes, Kazuma surplombait le visage de cette demoiselle étrange. Une seule larme roula sur sa joue, alors qu'un sourire triste décorait son visage bronzé. Ses grands yeux noirs se rapprochait d'elle, comme pour essayait de voir à travers son esprit. Kazuma, se laissant porter par l'instinct, déposa un baiser sur la joue de Kiies. 

« Si tu pars pour toujours... Et que tu te fiche totalement des autres... Même si je ne peux pas te comprendre... »  

Assis tranquillement sur le bas du ventre de Kiies, le dresseur observait les moindres faits et gestes de la jeune fille. Il posa sa bandoulière près de sa poitrine, en sortant un couteau suisse. Bon, ça va être un peu sanglant... Non ? L'aigle ne savait pas ce qu'il faisait, mais ce qui était sur, c'était que la demoiselle n'était plus une protégée mais une victime. Kazuma prit son menton de l'autre main, assez violemment. Doucement, il posa ses lèvres sur celles de Kiies, en lui transmettant les souvenirs d sa rencontre. Il les laissa là pendant dix bonnes secondes, la laissant savourer une vengeance dont elle ne connaissait rien. Enlevant ses lèvres, un air glacial sur le visage, Kazuma se releva, couteau suisse a la main...  Le jeune homme, mît une main derrière son dos avant de tenir fermement la main de Kiies. Cette fois, soit elle restait soit elle porterait une cicatrice en forme de TPK sur le bras. Les pensées du jeune homme à ce moment là étaient devenues flous, totalement inexactes. 

« Tu ne t'échapperas pas sans rien... »  

«Si tu ne me promets pas de revenir, je ne te laisserai pas monter...»

Des promesses. Choses qui ne sont jamais retenues, qu'on oublie après une journée et puis qu'on ne tient pas. Kiies pourtant est une de ces rares personnes qui prend les paroles comme engagements et les promesses comme des fardeaux, des obligations. Elle perdit l'équilibre alors, Kazuma venait de la faire tomber et ensuite lui plaquer le dos contre le sol... Elle n'arrivait même plus à se débattre. Il venait de l'attraper, de l'attacher au sol... De faire en sorte qu'elle ne puisse plus se servir de ses ailes... Une unique larme fit la longueur de la joue de Kazuma avant de tomber sur celle de Kiies... Il se rapprochait, commençait à faire peur à la colombe mais... C'est un baiser qui se retrouva sur la joue de Kiies... Pourquoi ? Elle ne comprenait plus rien, pas plus que ce qui arrivait à l'aigle...

«Si tu pars pour toujours... Et que tu te fiche totalement des autres... Même si je ne peux pas te comprendre...»

Un couteau. Là, la demoiselle commençait sérieusement à flipper... Et comme il était très contradictoire, il fallut qu'à ce moment-même, bien que d'une manière peu délicate, il l'embrasse... Elle ne comprenait plus rien, vraiment rien du tout... Elle était complètement perdue dans cette situation qui allait en tous sens, partagés entre une peur effroyable et un coeur battant à du deux-cent à l'heure... Il n'y avait plus d’échappatoires... C'est sûrement ça qui lui faisait peur...

«Tu ne t'échapperas pas sans rien...»

Elle n'avait... plus peur. Elle sait. Elle l'a toujours su. Tout le monde craint Kazuma parce qu'apparemment, il est dangereux. Mais s'il y a bien une chose qu'elle aura retenu... C'est qu'il ne veut pas la tuer et que peu importe quelle connerie elle pourrait faire, ce n'est pas lui qui lui volera son dernier souffle, ce n'est pas lui qui arrêtera son coeur de battre... Kiies le regardait alors... d'un autre oeil...

«Je ne compte pas m'échapper... Plus cette fois... Si tu veux juste ça... Alors oui, je te promets de revenir. Mais je ne peux pas revenir si je ne suis même pas partie... et pour ça il faudrait que tu me laisses le faire.»

«Je ne compte pas m'échapper... Plus cette fois... Si tu veux juste ça... Alors oui, je te promets de revenir. Mais je ne peux pas revenir si je ne suis même pas partie... et pour ça il faudrait que tu me laisses le faire.
- À bientôt. » 

Le dresseur lâcha la main de la demoiselle, tout comme l'aigle défaisait ses serres acérées sur sa proie. Lui qui avait prévu de lui laisser une marque, lui qui avait prévu de colorer le plumage de la colombe en rouge, venait juste de ranger son couteau. Il la laissa partir, il la laissa s'enfuir, s'envoler. À présent, le jeune homme était juste assis sur le quai, regardant le bateau partir au loin vers l'horizon. L'azur des flots commençait à devenir flou aux yeux noirs du dresseur. Son premier baiser avait été volé par une volonté de garder sa seule amie sur l'île. Cette fille, elle l'avait poussé à bout. Tout les moyens avaient été les bons. Son Millobelus était sorti de sa balle, se mettant face à lui dans l'océan bleu aux reflets de lune. Le Pokemon voulait apparemment obtenir des caresses de ce dernier, sauf que celui-ci, fixant le bateau déjà loin, semblait tuer le temps à penser. 

D'un geste, il se releva, toujours cet air froid sur le visage, se remémorant le visage de la colombe qui lui avait fait avouer son passé. Le dresseur partit à la recherche des pokemons de Kiies, leur expliquant qu'elle allait revenir... Certainement revenir. Tout cela n'avait plus de sens, mais Kazuma se garda bien d'avouer à chacun que chaque soir, il partait au port en espérant voir un bateau arriver. Cela dura plus d'une semaine, le temps s'écoulait bien lentement, dans ces journées ennuyeuses... Il se contentait d'offrir de la nourriture aux amis de Kiies, de leur faire faire de l'exercice, Ect. Kazuma, totalement renfermé, vit la fin du mois arriver, et toujours pas d'oiseau... L'inquiétude commençait à peine à le ronger. Le dresseur dût fournir quelques explications aux professeurs, leur assurant qu'elle avait dût partir pour des raisons importantes.

Dans le bateau à l'aller les yeux pleins de haine et de détermination. Mais au retour, les yeux rêveurs et pourtant clairvoyants. Assise dans un fauteuil roulant, la tête derrière, les yeux au plafond. Un homme habillé en noir arriva dans la chambre dans laquelle elle se trouvait, accompagné d'un Mushana. Une simple parole fit revenir la colombe sur terre.

«Nous sommes arrivés, mademoiselle Brawn.»

Kiies pencha la tête vers lui et lui sourit. Elle lui affirma qu'elle arrivait, et en effet c'est enfin trois minutes après qu'elle fut sortie de la chambre, ses mains roulant sur les roues des deux côtés de son corps... Arrivée à la sortie du bateau, c'est le même homme qui était venue l'avertir de l'arrêt du bateau qui la porta, elle et son fauteuil, pour descendre du paquebot. Alors arrivée sur le ponton, les roues arrêtées par ses mains abîmées, l'homme accompagné du Mushana la salua. C'était le capitaine du bateau...

«A la prochaine fois, mademoiselle Brawn. C'est toujours un plaisir de vous avoir à bord.»

Kiies le regarda et lui fit un simple sourire en signe de salut. Ses bras étaient bandés, ses jambes complètement immobiles et attachées au fauteuil... Ses yeux étaient perdus sur ses mains blessées. Elle les ferma et fit rouler encore ses roues, pour avancer, le regard dans le vide.

Le dresseur ne trouvait pas d'autre mots que Regret, Peine, assassinat, émotion. Cette fois-ci, ce n'est pas la belle demoiselle de neige, rêveuse et déterminée qu'il y avait devant lui, mais bien un corps meurtri qui démontrait ce que ça faisait quand on allait trop loin. Peut être restera-t-il une leçon, de ce périple endommagé. Ce dixième jour, ce dixième jour du mois suivant l'autre, un début de semaine, un début de mois, voilà que la tentative effrénée de suicide allait avoir lieu. Kazuma s'en voulait. La colombe serait sûrement à jamais dans ce fauteuil là. Il aurait pût, si il avait été un Pokemon, lancer la totalité de ses pouvoirs sur le bateau pour le faire couler. Cette fois-ci, sur une chaise roulante, il n'y voyait qu'un corps dépourvu d'étincelles, des yeux levés vers le ciel sans chercher le diable. Le dresseur la fixa durant de longues minutes, avant de s'approcher d'elle. Arrivé à deux pas de son fauteuil, il demanda d'une voix qui ne se voulait aucunement blessante...

« Tu... Kiies... Elle... Qu'es ce qui c'est passé ...? J'aurais jamais dû te laisser partir... »  

Simplement du regret, sauf que maintenant, l'aigle s'en voulait. Il en voulait à la mère de Kiies. Il en voulait au bateau. Il en voulait à l'océan. Toutes ces années dans la forêt, et c'était la première fois qu'il voulait se tuer sans l'aide du monde. Cette fois, si sa mère n'était pas encore morte, il irait la tuer avec toute la force de son âme. Le jeune homme restait néanmoins de marbre, comme pour garder un peu de dignité en lui. Cette fois, la demoiselle de neige n'était plus ce qu'il avait espéré. Au fond de lui, le garçon cherchait encore une parcelle d'elle à l'intérieur, comme pour le rassurer que rien n'est changé... La colombe revenait annoncé la paix après une guerre sanglante, pas indemne. Après plus d'ailes, plus de pattes. Qu'adviendrait-il du reste ...? 

«... Je suis désolé... C'est... »  

Kazuma regarda sa main, puis celle de Kiies. Le jeune homme n'avait pas vu de sang sur son corps depuis très longtemps. Aucune goutte n'avait coulé. Aucune blessure n'avait refait surface... Pourtant il avait envie de le refaire... Il voulait porter encore une fois la demoiselle sur son dos, pour la rassurer. Sauf qu'il voulait se rassurer lui même.

Un air rêveur endormi, en même temps d'avoir tué son passé, Kiies avait retrouvé celle qu'elle était en les temps précédents. La petite fille du jardin qui naïvement court vers son père sans se douter de ce qu'il venait de lire, la gamine inconsciente dans ses rêves pendant que la mère lui apprend comment cuisiner des pâtes... Kiies avait retrouvé cette enfant lunatique qu'elle était... Son regard se perdait mais restait fixe, il regardait tranquillement Kazuma... Dans un silence léger qu'elle ne tiendrait pas longtemps.

«Tu... Kiies... Elle... Qu'es ce qui c'est passé ...? J'aurais jamais dû te laisser partir...»

Kiies posa ses mains sur ses genoux, relâchant ses roues. Ils étaient en terrain plat, pas de risque de bouger à cause d'une pente trop arpentée. La demoiselle ne répondit pas, elle restait juste pensive... Son regard alors remonta vers le ciel, tranquillement.

«... Je suis désolé... C'est...»

La colombe regarda à nouveau Kazuma, son iris perçante mais le regard vide, constamment perdue dans ses rêves... Elle passa alors sa main dans une poche du short qu'elle avait emprunté à Théa et en sortit une plume qu'elle mit doucement dans la main de Kazuma. Une plume blanche appartenant sûrement à un oisillon.

«La dernière plume d'enfant de la colombe... s'est envolée en même temps que son passé...»

Sa mère était donc morte. Kiies ferma les yeux et esquissa un sourire.

«Tu sais ? Quand je suis arrivée là-bas, je n'ai même pas dut lui dire que je voulais la tuer qu'elle-même voulait me descendre... Je me suis dit que c'était parce qu'elle ne m'aimait plus, comme elle n'a plus aimé mon père... En fait... je me suis trompée. Elle voulait faire ça pour m'éviter la suite... Car après l'avoir tuée... Je me suis faite enlevée par une personne que je croyais connaître... Et c'est devant mes yeux qu'il a tué tout le reste de notre famille, en signe de vengeance ou quelque chose du genre... J'ai pas tout compris à ce qu'il m'a raconté... Pourtant, j'ai bien appris une chose...»

Elle releva la tête vers le ciel...

«Notre ennemi n'est ni le feu ni le vent, encore moins l'eau ou la terre. La faute pourrait être à n'importe qui sauf que le seul crime que l'on fait sur cette terre c'est bien de s'y croire chez nous...»

Le ciel, bien que bleu d'été, commençait à s'assombrir pour laisser place à un magnifique couché de soleil. Chose que Kazuma avait regardé depuis des mois, sans rien ressentir. C'est comme si aucune couleur ne pénétrait dans son esprit, juste une vie en noir et blanc. Quelque chose de fade et monotone. 

«La dernière plume d'enfant de la colombe... s'est envolée en même temps que son passé...»

Kazuma soupira, en lâchant la plume, la laissant s'envoler dans les airs... Donc sa mère était morte, des mains de quelqu'un... Peut être pas Kiies, après tout. Froid, impassible, le jeune homme regardait l'horizon sans but précis. Ses oreilles à l'écoute, il attendait la suite qui ne tarda pas à arriver. Tout ce qu'il savait ... C'était bien qu'elle avait retrouvé ce qu'elle avait perdu. Quelque chose avait changé, mais ce qu'il redoutait c'était bien le fait qu'elle ait changé d'un certain point, et qu'il reste lui, pour toujours comme il est. On ne change malheureusement pas le passé.

«Tu sais ? Quand je suis arrivée là-bas, je n'ai même pas dut lui dire que je voulais la tuer qu'elle-même voulait me descendre... Je me suis dit que c'était parce qu'elle ne m'aimait plus, comme elle n'a plus aimé mon père... En fait... je me suis trompée. Elle voulait faire ça pour m'éviter la suite... Car après l'avoir tuée... Je me suis faite enlevée par une personne que je croyais connaître... Et c'est devant mes yeux qu'il a tué tout le reste de notre famille, en signe de vengeance ou quelque chose du genre... J'ai pas tout compris à ce qu'il m'a raconté... Pourtant, j'ai bien appris une chose...»

Sa narration ne voulait presque rien dire pour Kazuma. Elle c'était sûrement sa mère, mais "il"... Rien de ce qu'elle lui avait raconté ne lui avait parut évidant. Sûrement qu'il avait raté un détail. Ses sourcils se froncèrent, avant qu'il pose une d ces questions fatales : 

« Il ...? » C'est tout ce qui sortit de sa bouche, pendant que tranquillement il s'asseyait les pieds dans l'eau. Ce "Jem'enfoutiste" restait présent dans son attitude, bien qu'il soit intéressé par son récit. Encore une fois, il reposa une autre question courte, de son air froid. 

« Et tu vas guérir ...? »

Elle n'avait rien à dire, plus rien à dire. Juste un vent qui soufflait dans ses cheveux partant vers l'arrière de ses épaules. Ce vent passant sur ses yeux, sans essuyer ce qu'ils ont vu...

«Et tu vas guérir ...?»

Kiies ouvrit les yeux et tourna la tête vers Kazuma, sans un mot. Avait-elle vraiment une réponse ? Le médecin qui l'avait soigné n'était pas n'importe lequel, en réalité... Ce médecin est aussi celui qui l'avait soignée dix ans auparavant et il se trouve qu'il ne lui disait jamais rien. Juste un "revenez dans un mois et on verra comment ça se passe". Il ne disait jamais si ça pouvait guérir, si ça pouvait tuer ou en tous cas, il ne précisait rien. Elle se remit alors à rêver. De quoi ? On ne sait pas...

«Peut-être que oui, peut-être que non. Je ne peux pas prévoir ce qui va arriver.»

Elle passa ses mains sur ses roues et avança lentement, ses bras fragiles allant en avant puis en arrière pour récupérer le métal et le faire avancer. Ses yeux parcourant le sol devant elle qui défilait, la colombe n'était plus enchaînée au sol mais tout ce qu'elle pouvait faire c'était ramper... Elle se mit à penser à voix haute...

«En fait... Quand il ne détaille pas les conséquences de blessures... Ça veut juste dire que la réponse est celle que je ne veux pas entendre...»

«En fait... Quand il ne détaille pas les conséquences de blessures... Ça veut juste dire que la réponse est celle que je ne veux pas entendre...»

Non. Voilà un mot bien significatif... Mais qu'en est-il pour l'autre acolyte ? Kazuma restait assis là, regard perdu quelque part dans le vent. Il ne saurait jamais ce qui c'est passé. Il venait de perdre quelque chose de cher, comme elle venait de perdre sa liberté de courir. Pas de pitié, mais du regret. Il ne pourrait plus la serre contre lui en pleurant sur son épaule, il ne pourrait plus lui donner la main pour qu'ils marchent tranquillement. Jamais le jeune homme ne pourra lui apprendre ce qu'il avait apprit lui-même. Plus que des mots et du moral. Son Millobelus était sortit lentement de la pokeball, remuant son dresseur avec sa tête. Lui-même se demandait si elle pourrait faire un tour sur son dos, ou celui de son Pokemon. Les vagues venaient s'écraser sur les écailles de son ami d'eau, dans un petit fracas répétitif. Le destin était malheureusement fait de beaucoup de choses dramatiques... 

«... Tes pokemons doivent t'attendre ... Hu-Uh... »  

Le jeune homme, qui avait prévu bien des choses pendant l'absence de la jeune fille, comme lui montrer quelques endroits magnifiques et reculés de la civilisation, venait de s'écrouler. Kazuma savait juste qu'il lui avait enlevé le plaisir de voler. Il aurait pût se lever et lui pousser sa chaise, mais au lieu de cela, il réfléchissait, la libérant de cette course sans fin. L'aigle ne prenait plus de plaisir à courir derrière une colombe sans ailes. C'était trop facile à attraper. C'était juste ce qu'il se persuadait lui-même. S'attacher à quelque chose pour ne plus le revoir indemne. Pour devoir encore plus protéger ce qui devenait de la porcelaine à du verre fin. Quelque chose qu'à peine déposé sur le sol, se brisait. Ça ne tenait plus que sur un fil...

«... Tes pokemons doivent t'attendre ... Hu-Uh...»

Ses Pokémon. Elle ne voulait pas les voir. Pas maintenant. Ces créatures lui avaient puisé beaucoup trop d'énergie et de temps pour qu'elle leur pardonne. Les Pokémon de Kiies, hormis peut-être Purl et Lux... étaient réellement égoïstes et vicieux. Elle ne voulait pas en plus de se priver d'ailes et de pattes, se priver de souffle. C'était hors de question. Elle haussa juste les épaules en guise de réponse et se pencha alors vers ses jambes qu'elle détacha du siège. Elle se leva de celui-ci, se brisant peut-être un ou deux os en plus et marcha imprudemment en tirant son fauteuil avec elle. Elle n'aimait pas rester simplement assise. Elle n'aimait pas tout ça. Et quitte à devoir se briser les os, elle préférait pouvoir n'avoir aucune restriction. Elle voulait juste pouvoir respirer... Fermant les yeux, elle suivait un chemin au hasard, sans même regarder où elle mettait les pieds. A plusieurs reprises elle risquait de tomber mais se rattrapa rapidement de ses mains fragiles et à plusieurs reprises il arriva qu'un désagréable "crac" se fit entendre dans ses jambes... Pourtant... Elle se fichait de la douleur, à ce moment-là.

Elle était alors arrivée devant le lac dans lequel elle vit quelques Pokémon, nageant tranquillement dedans. Elle sourit et s'assit, trempant ses jambes dans l'eau et coucha son dos au sol. Elle avait mal. Trop mal.

«S'il y avait ne serait-ce qu'une lueur d'espoir...»

Crac. Ce qui devait arriver, arriva. C'était inévitable. Si elle avait les os brisés, c'était inévitable qu'elle essaie  de tomber à plusieurs reprises. Le jeune homme le savait. Elle disparut de son champs de vision, mais le dresseur ne la suivit pas, comme pour se forcer à ne pas faire le chien. Noctali, quand à elle, avait suivit la dresseuse en trottant, avant de s'asseoir près d'elle. 

«S'il y avait ne serait-ce qu'une lueur d'espoir...»

Le Pokemon la regarda de longues minutes, semblant attendre quelque chose. Un souffle, une arrivée soudaine... C'est donc ce qui ce passa. Kazuma se posa au dessus de la tête de la demoiselle, la regardant dans les yeux. Non il n'allait pas l'embrasser, non il n'allait pas essayé de la blesser. Cette fragile petite fille n'était étonnamment pas pleine d plâtre, ce qui aurait dût se produire, normalement . Noctali ronronna, se frottant doucement sur la demoiselle. Le petit Pokemon noir était nettement plus social que son dresseur, dans tout les sens du terme. 

« Il suffit de croire... »  

Quatre mots, qui voulait dire quelque chose ... Ou pas pour certains. L'espoir, Kazuma savait qu'il yen avait toujours, mais dès le moment où l'on n'y croit plus, il n'y en a plus... L'espoir c'est sûrement quelque chose d'abstrait, que le dresseur laissait en faute. Les rayons de soleil existaient bien... Ce qu'il voyait devant lui était bien un être vivant absorbé par le désir. La volonté. 

« Il ne faut pas aller plus loin qu'on ne le peut... Contrôle ta volonté, Kiies. Hu-Uh... »

Croire. Kiies n'a jamais eu cette notion de croyances stupides et impudentes, pudiques et indécentes qui se promènent sans peur ni craintes sauf celle de se perdre. La croyance est une chose que la colombe a perdu très jeune et qu'elle ne veut jamais retrouver. Elle a décidé de ne croire qu'en ce qui l'arrange, de toutes façons.

«Il ne faut pas aller plus loin qu'on ne le peut... Contrôle ta volonté, Kiies. Hu-Uh...»

Elle sourit, était-ce triste, ironique ? Peut-être, peut-être pas. Fermant les yeux et perdant son sourire, elle respirait tranquillement, comme si tout lui était égal à présent...

«Ce n'est plus de la volonté, à ce stade-ci... C'est une question de survie morale.»

Un petit Pokémon jaune arriva en courant et s'assit à côté de Kiies, la regardant. Lux, le Pharamp de la demoiselle était venu... La dresseuse le fixa un moment et puis lui sourit. En réalité... Il était sûrement le seul un peu honnête dans son équipe... Il était le seul qu'on pouvait vraiment qualifier d'innocent. La colombe tendit un bras fragile vers le Pokémon qui lui prit et mit une légère décharge dedans. Kiies sourit à la créature qui s'efforçait de contenir la foudre envoyée pour que ce ne soit qu'une remontée d'énergie...

«'Te force pas, Lux... Je sais que tu veux bien faire.»

Il baissa la tête et Kiies sortit ses jambes de l'eau, les prenant avec ses mains et les ramenant sur terre, se mettant face à son Pokémon. Elle tendit ses mains à présent mouillées vers le Pokémon qui les lui prit... Il semblait triste, beaucoup plus que ne l'était la dresseuse...

«Mraouw... Il est temps de te faire prendre une douche, à toi... T'es presque pire que moi...»

«Ce n'est plus de la volonté, à ce stade-ci... C'est une question de survie morale.
- De la survie tout court, ouais... Hu-Uh... Si tu commençais par prendre conscience que tu n'es plus ce que tu étais avant aussi bien physiquement que mentalement... Ça fera un pas en avant vers le rétablissement... »  

Kazuma soupira, réconforter les gens c'était pas du tout son truc. Il disait juste ce qu'il pensait, bien que ce soit blessant ou autre, il s'en fichait. Le jeune homme se releva, avant de partir vers la forêt, accompagné de son Noctali. Le petit Pokemon le suivait à la trace, à croire qu'il ne pouvait pas bouger sans. À présent, il devait juste surveiller qu'elle ne marche pas sans aide. C'était tout. Il s'appuya sur un arbre, assez loin de la dresseuse, mais la fixant quand même. Lentement, le jeune homme enfonça sa main sur l'écorce, de manière à voir une fois ce qu'était le sang... Aussi lentement, il regarda sa main pleine d'échardes et de rouge... Pendant longtemps, il resta comme ça, se décidant de partir... Partir quelque part où son passé reviendrait. Quelque part ou il se sentirait bien. En l'occurrence, la forêt. Seul cet endroit l'apaisait. Sauf qu'il fallait aussi veiller sur la demoiselle de neige... Chose que Kazuma ne prendrait pas le même bien être à faire. La civilisation, c'était l'opposé de son mode de vie.

«De la survie tout court, ouais... Hu-Uh... Si tu commençais par prendre conscience que tu n'es plus ce que tu étais avant aussi bien physiquement que mentalement... Ça fera un pas en avant vers le rétablissement...»

Il ne comprend pas. Il ne comprendrait jamais. C'est ce que pensait précisément Kiies. Kazuma était trop différent. Il avait beau être le premier à ne pas simplement la traiter d'imbécile et la violenter avant de partir en ricanant, il était quand même trop éloigné de ce qui se tramait dans l'esprit de la dresseuse que pour pouvoir comprendre de ce dont elle était hantée. Ce n'est pas un défaut de ne pas comprendre Kiies, c'est un exploit de faire l'inverse. Mais Kazuma n'aura pas été le héros qui accomplit les exploits en travers de sa route. A ce moment-là, peut-être paraissait-il fier mais il était lâche... Pas envers Kiies ni envers Lux. Il était lâche envers lui-même.

La dresseuse le regarda partir et tourna alors la tête vers Lux, soupirant. Elle laissa tomber sa tête contre celle de la créature, ses cheveux cachant des larmes certaines, coulant lentement sur ses joues avant de s'écraser au sol. Ce n'était pas plus de la tristesse que de la colère mais une chose était sûre, c'est que ces larmes ne venaient pas de la Kiies actuelle mais de la Kiies du bac à sable qui tranquillement relevait le seau pour construire son château, même si détruit quelques minutes plus tard. Et malheureusement, en plus d'être une gamine lunatique et taciturne, elle était aussi une incontestable boudeuse... Ce qu'elle fit inévitablement. Elle se laissa tomber, couchée ainsi sur le sol et roula vers le lac pour ainsi tomber dedans dans un immédiat "Plouf", se protégeant d'un ennemi inconnu et sans apparence, ennemi qui se nomme "Fatalité", dans le plus bref des cas.

Lux restait là, sans rien pouvoir faire. Il lança une attaque Tonnerre sur le lac, cherchant à faire revenir Kiies, la faire réagir, qu'elle ne se mette plus à rêvasser et ensuite se noyer ou au pire des cas, s'endormir. Chose fort probable mais chose qui ne s'est pas passée. La dresseuse nageait uniquement à l'aide de ses bras, privée de mouvements de jambes. Un Lanturn était venu l'aider car en plus de pouvoir la prendre sur son dos, il était aussi irrémédiablement un parfait éclaireur. Ainsi tout au fond du lac, elle semblait chercher une chose précise et enfin en la retrouvant, le Lanturn s'empressa de remonter à la surface et faire respirer la gamine, la petite du lac qui inconsciemment se jette dedans pour pouvoir croire en autre chose que la réalité. Lux courra vers elle et la tira hors de l'eau, fixant ce qu'elle était allée chercher. Un petit coffre, dont elle avait la clé mais qu'elle ne voulait pas ouvrir, allez savoir pourquoi. Elle fit un simple "Chht" à Lux avant de ramper jusqu'à son fauteuil et s'installer à nouveau dedans, se rattachant les jambes.

«On est d'accord, Lux. Tu n'as rien vu, rien entendu.»

Elle tourna la tête vers Lanturn et lui sourit, le remerciant en lui lançant délicatement une perle, premier trésor des habitants de la mer en lui confiant d'en prendre bien soin jusqu'à ce qu'elle vienne la récupérer. Elle regarda la direction dans laquelle Kazuma s'était aventuré et prit celle opposée... Après tout, c'est lui qui est parti... Et elle n'avait plus aucune envie de le voir. Pas plus qu'elle n'avait envie de voir ces imbéciles violents traînant dans les couloirs, pas plus qu'elle n'avait envie de voir ces cruches prétentieuses qui s'obligeait à la réprimander et pas plus qu'elle n'avait envie de voir les Pokémon qu'elle avait égoïstement abandonné... L'oisillon a quitté son nid avant de savoir voler, ce pourquoi, sûrement, il a perdu et ses ailes et ses pattes... La colombe ne verra jamais le jour si l'oisillon s'obstine à le lui cacher...