La colombe est devenue les ailes de l'aigle comme l'aigle était devenu les ailes de la colombe. Ils ne pouvaient plus s'enfuir, car ils avaient besoin de l'autre pour s'envoler, ils ne pouvaient que courir, et encore, sans jamais s'oublier. Voilà le problème de la fuite en ce sens. Elle était impossible. Fuir une chose qui est gravé en nous comme des choses qui nous permettent la liberté est aussi s'enfermer dans une cage dans laquelle on a jamais voulu être. Alors pourquoi ? Pourquoi s'obstiner à vouloir fuir la personne qui nous offre nos ailes, alors que tout ce qu'on veut c'est être libre ?

Le feu avait de nouveau eut raison du sommeil de Kiies, elle venait de se réveiller dans un sursaut lui serrant l'organe au plus profond de sa poitrine. Que s'est-il passé pendant qu'elle dormait ? Quand est-ce qu'elle s'était assoupie ? Elle ne se rappelait plus, plus rien. Elle s'était réveillée dans sa chambre, comme n'importe quel matin... sauf que c'était le soir. Les journées de la colombe sont, depuis quelques jours, déréglées, pour une raison qu'elle ignore. Son sommeil va et vient, comme pour la maudire, il arrive toujours au mauvais moment et repart quand il est déjà trop tard. Oui, c'est exactement ça. Kiies regardait à gauche, puis à droite, et en voyant ses Pokémon dormir tranquillement, elle tentait de se rappeler... Ce qui s'était passée avant. Après quelques minutes, comme si quelque chose venait de faire "tilt", elle se leva rapidement, mis sa veste et partit, chaussures aux pieds. Elle le sentait encore glisser entre ses doigts, encore une fois, ce sommeil l'avait maudite pour qu'elle l'ait perdu. Fouillant tous les dortoirs, le bâtiment mais aussi la ville. Elle ne trouvait rien d'autres que de misérables créatures plaignantes et sans satisfactions... Que ces créatures qu'elle redoute dont elle se dégoûte à chaque fois. Il n'était pas là ? Où était-il alors ? Elle sortit alors complètement, se disant que si vraiment il était parti, ce ne serait sûrement pas dans un de ces repères de ces créatures ignobles...

Ainsi donc, retrouvée à parcourir la forêt, elle ne trouva toujours rien. Celle-ci déboucha sur une cascade qui elle-même se jetait dans le lac. Il n'était pas là. Elle poussa un long soupir... Elle n'avait même pas pris ses Pokémon avec, ils dormaient trop bien là où ils étaient. De son perchoir, elle pouvait voir l'école... et tous les environs plus bas perchés que le haut de la cascade... Justement de là, elle pouvait voir la plage. Il n'y avait personne, à cette heure-ci... Personne sauf l'aigle... Elle hésita, elle ne savait pas tellement si c'était lui, et le manque de lumière l'empêchait de retourner dans la forêt... Ne serait-ce que parce qu'elle avait peur. Elle soupira, regardant la cascade... Elle ne sauterait pas là-dedans, ça reviendrait à du suicide. Cependant, Light arriva en courant, l'orbe à son front luisant, faisant comme une lumière dans la nuit... Utilisait-il ses pouvoirs, pour qu'elle fasse de la lumière ainsi ? Elle sourit et se laissa tranquillement guider, jusqu'à la plage. La lumière arrivait jusqu'à l'aigle, qu'elle regarda longtemps avant de finalement se rendre compte que c'était bien lui... Avec Mentali.

«... Kazuma... !»

Elle commença à courir, ses pieds rejetant le sable derrière elle. Passant une main sur l'épaule de l'aigle, elle le fit se retourner, pour qu'elle puisse le regarder dans les yeux. Elle ne voyait pas ses yeux, Light avait arrêté d'éclairer la plage, mais elle les devinait. Elle espérait juste... qu'il ne soit pas en colère.

«J-... Je suis désolée... Je voulais pas m'endormir... C'était... C'était plus fort que moi et... j'ai jamais voulu te laisser partir... et je l'ai fait... comme une imbécile.»

Était-ce vraiment des excuses ou alors juste de la réflexion à voix haute ? Allez savoir... Mais sa voix dégageait du regret comme de la déception... Être déçue de soi-même, ça fait mal.

La nuit avait recouvert toute l'île de sa douce noirceur. Effrayante pour certains... Sauf que Kazuma, fermant les yeux, ne voyait rien d'autre que la noir de sa propre paupière. Il sentait le souffle de son Pokemon contre sa peau, l'obligeant à rester sur terre ; pourtant l'oiseau voulait s'envoler. L'aigle voulait quitter ce monde quelques instants, pour humait l'odeur de la nostalgie. Sauf que le damoiseau ne regrettait rien. Le passé, malgré qu'il ait tendance à vouloir l'oublier, était déjà gravé dans  son cœur. Malgré tout, l'ancien revenait toujours le hantait. Quelques mot suffirent. Seulement un. « Non. » Bien que seul avec son Pokemon, le dresseur revivait les anciens présents. Noctali lui envoya une pluie de météores, pour le remettre dans le droit chemin. Sursautant, le dresseur ouvrit les yeux pour observer les étoiles l'entouraient. Il se tourna vers Noctali, lui caressant la tête, avant de le prendre doucement dans ses bras... Et de commencer à parler d'une voix faible. « Si tu savais Noctali... Si tu savais comme il revient toujours me hanter... C'est horrible Noctali... Je le vois partout !... Si je le revoyais encore je crois que je... » Une main sur son épaule. Kazuma sursauta, avant de se retourner violemment dans le noir profond, immobilisant les bras de l'assaillant.  Persuadé soudainement que son rêve soit réalité. Croyant encore que c'était bien un homme aux cheveux grisâtres qui voulait le faire retourner chez lui. Sauf que ce n'était pas le cas. Une silhouette féminine... Des yeux qui le fixait. Par toute évidence, la seule personne qui aurait eût le cran de toucher à son épaule... C'était Kiies. Honteux de son erreur, il lui lâcha les poignets, avant de baisser les yeux au sol...  

«J-... Je suis désolée... Je voulais pas m'endormir... C'était... C'était plus fort que moi et... j'ai jamais voulu te laisser partir... et je l'ai fait... comme une imbécile.»

La demoiselle de neige avait visiblement un air déçu... Comme si elle affichait de la déception dans sa voix. Elle implorait donc le pardon de l'aigle, qui s'était enfui loin. Jamais on l'avait suivi, lui. Surtout sur une plage où il croyait être seul. Noctali s'était réfugié sous son T-shirt, effrayé. La colère, quelque chose qu'il n'exprimait pas contre elle. L'aigle, même en essayant d'ignorer la colombe, se retrouvait confronter à elle. Comme deux aimant... Dans un soupir, telle qu'il le disait si justement, avec tant et tant d'ardeur, d'un ton totalement interressé, ceci étant quelque chose d'ironique, il répondit : « Hu-Uh... » La colombe n'était pas une imbécile. Enfin... Il ne la connaissait pas par cœur pour le savoir. Juste un peu. Dans l'histoire, le seul qui avait courut jusqu'à la colombe en la poursuivant tout le temps jusqu'à voir des larmes sur ses joues, c'était lui. L'aigle n'avait rien pour parer la petite mine de la colombe. C'était tout. "Hu-Uh" Tout ce qu'il avait à dire quand il ne savait pas quoi dire. Sauf que la il avait des milliers de choses à dire. De son côté, dire des choses c'était pas son meilleur point.   «... C'est... Pas grave... hu-Uh... » Juste quelques mots sortaient de sa gorge. C'était déjà trop.

La colombe s'était mise à courir, privée de ses ailes, avec ses pattes blessées. Elle ne savait plus rien faire, mais pourtant elle l'a fait. Sans aucune arme sur elle, sans aucune armure, aucune protection et aucune défense, la colombe, habituée à son manteau de neige, était alors partie sans rien de plus que quelques bouts de tissus qu'elle traînait avec elle, à l'habitude. C'était la première fois que la colombe s'empressait autant, c'est la première fois que se retrouver entourée de flammes, ne la dérangea pas. Se retrouver face à l'aigle n'était plus un problème, c'était comme une fierté, de pouvoir se tenir devant lui, sans que le vœu de fuir lui monte à la tête. Kiies n'avait plus peur, elle ne voulait plus s'envoler pour les mêmes raisons qu'avant... Cette fois, la colombe voulait battre des ailes pour retrouver sa liberté.

«... C'est... Pas grave... hu-Uh...»

Kazuma avait décidément du mal à s'exprimer... Beaucoup de mal. Kiies sourit. Peut-être avant trouvait-elle ça gênant, mais cette fois, elle préférait en rire. Voir le grand aigle se faire tout petit quand il s'agit de prononcer quelques mots, elle trouvait ça amusant. C'était la première fois qu'une personne à peu près humaine ne la dégoûte pas comme les autres... Si on peut encore appeler Kazuma un humain, en tous cas.

«Tu sais... Si tu n'as pas envie, tu n'es pas obligé de parler...»

Un sourire sur les lèvres, en fixant au sol mais sans rien voir... Aucune lumière de la ville ne parvenait jusqu'ici et Light avait complètement cessé de briller... Jusqu'à ce que Kiies aperçut dans le ciel, une étoile filante. Elle sourit et s'approcha de l'eau, comme empressée...

«C'est moi qui l'ai vue en première !»

Elle retira rapidement ses chaussures, mais aussi sa jupe et sa veste, de quoi être rien qu'en chemise et sous-vêtements, pour alors avancer dans l'eau jusqu'à mi-cuisses... Tradition qui lui venait de sa mère, du temps où elle la connaissait. Ses mains jointes contre sa poitrine, les yeux fermés et le visage vers le ciel, elle se mit à penser très fort à ce qu'elle souhaitait le plus au monde...

«Tu sais... Si tu n'as pas envie, tu n'es pas obligé de parler...»

Pas l'envie ? Kazuma, pas envie de parler. Bon, faisons un court résumé de la tête de Kazuma à ce moment là, ainsi que ses pensées. Tout d'abord, l'aigle venait de s'allonger sur le dos, les mains derrière la tête, regardant le ciel. Les sourcils froncés, il réfléchissait à ces paroles. Pas l'envie... Sauf que ce n'était pas forcément qu'il n'avait pas envie, mais c'est qu'il n'y arrivait pas. Plus. Chaque seconde, le dresseur pensait à comment formuler sa phrase. Chaque minutes, il s'efforçait de ne pas commencer à parler comme avec ses pokemons. Chaque heure, était comme un soulagement pour lui. Quand la demoiselle de mît à courir vers l'eau en se déshabillant presque, Kazuma en resta totalement insensible, impassible. S'il avait été quelqu'un, un jeune homme de son âge un minimum attiré par les demoiselles, le dresseur aurait détourné le regard vers la jeune fille. Sauf qu'il n'avait aucun sens de l'attirance féminine. Il se contenta d'observer l'étoile filante, pour finalement regarder son Noctali dans les yeux, avant de s'adresser à Kiies : 

« J'espère que ton vœu se réalisera... »

«J'espère que ton vœu se réalisera...»

Kiies ouvrit les yeux, regarda devant elle, lâcha ses mains et resta là pendant de longues minutes silencieuses. Mais pas le silence comme elle le faisait d'habitude. Cette fois-ci, son silence n'en était pas vraiment un. Ses pensées allaient une fois à gauche, une fois à droite, au haut, tout droit et encore une fois, ça recommençait. Dans tous les sens, sans qu'elle ne puisse rien comprendre. Pourtant, tout était très clair, pour elle... A peu près comme l'atmosphère autour d'elle, ses yeux qui se perdaient dedans ou sa voix froide et douce à la fois qui faisait peut-être d'elle une personne difficile d'approche mais aussi quelqu'un à qui on n'a pas peur de tendre la main.

«Il ne se réalisera pas. C'est impossible.»

Light regarda Kiies et pencha la tête. Lui, il savait ce qu'elle avait souhaité. Et il aurait préféré qu'elle ne l'aie jamais fait...

«Tu vois, dans la vie, il y a les personnes qui ont de la chance et celles qui n'en ont pas. Mais moi, je ne suis personne. Ma mère nous a appris, à moi et à Théa, cette vieille tradition de prier ainsi sous l'étoile qui passe. Avec elle ou avec Théa, ça fonctionnait, parce qu'elles étaient quelqu'un. Mais avec moi, ça n'avait jamais marché, parce que je n'ai jamais été qui que ce soit.»

Elle n'était pas triste, pas déçue et aucun regret ne grisait sa voix. Elle avait accepté ce qu'elle appelait "l'évidence", elle vivait avec, sans le vouloir. Elle avait déjà essayé de combattre contre, mais sans résultats. Elle avait appris à s'estimer heureuse de ne pas être née aveugle ou sourde. Mais pourtant, au fond d'elle, tout ça paraissait encore déchirant...

«Il ne se réalisera pas. C'est impossible.» 

Impossible ? ... Kazuma ne croyait pas en l'impossible. Kazuma n'avait pas besoin de parents qui l'aiment pour ça. Jimmy lui avait appris beaucoup de choses, « Rien n'est impossible» en faisait parti. L'aigle savait qu'à part ranimer les morts, tout était possible. Noctali releva violemment son dresseur, pour qu'il ait l'amabilité de s'approcher de la demoiselle. Non il ne se mettrai pas en caleçon pour ça. Le jeune homme s'avança dans la mer, se mouillant le pantalon, avant de regarder l'horizon. 

« Sauf ranimer les morts... Rien n'est impossible... »  

Le dresseur jeta un galet vers la lune, qui ricocha sur son reflet. Kazuma avait maintenant un air totalement ailleurs, commençant à flâner pour savoir le caractère de sa mère... Jimmy lui en avait dit pas mal à son propos, en disant que sa maman était magnifique, souriante, bienveillante, et qu'elle avait toujors voulu de lui. C'est pour cela que Kazuma gardait dans son cœur, à jamais cadenacé, un souvenir et une imaginations fertile... Sa mère. 

«Tu vois, dans la vie, il y a les personnes qui ont de la chance et celles qui n'en ont pas. Mais moi, je ne suis personne. Ma mère nous a appris, à moi et à Théa, cette vieille tradition de prier ainsi sous l'étoile qui passe. Avec elle ou avec Théa, ça fonctionnait, parce qu'elles étaient quelqu'un. Mais avec moi, ça n'avait jamais marché, parce que je n'ai jamais été qui que ce soit.»

Kiies, personne ? Non. Le dresseur savait juste que Kiies était quelqu'un. Quelqu'un pas forcément humain, certes, mais quelqu'un. Quelqu'un qui avait réussi à faire ce que jamais personne n'avait fait. Kiies avait juste trouvé le temps. Le temps d'écouter sans le faire, le temps pour que l'aigle vienne. C'est ainsi que le jeune homme se mît face à elle, avec un air assez triste... Semblant rassurant à la fois. 

« Tu sais Kiies... Tu n'es pas invisible, tu n'es pas personne. Car tu es quelqu'un pour moi... Tu es juste un rayon de soleil... Une colombe. »  

Kazuma soupira, ses mots ne servaient juste à rien. Des mots qui étaient peut être rassurant. Des mots qui ne manquerait pas d'encore la faire pleurer. Pourtant, quelque chose illumina le visage de Kazuma. Invisible par la nuit... Un sourire. Un léger sourire. Sauf qu'avec ce sourire, une larme s'était faufilée sur sa joue. Une petite larme qui disait tout. 

« Tu as de la chance Kiies... Toi au moins... Tu en avais une ... De... Mère... »  

«Sauf ranimer les morts... Rien n'est impossible...»

Ce que Kiies avait souhaité était pourtant réellement impossible. On ne peut pas s'effacer de la mémoire de tout le monde pour pouvoir disparaître, on ne peut pas supprimer notre existence ou en ajouter une nouvelle. C'est à la fois impensable et complètement absurde de souhaiter n'avoir jamais existé, pourtant, il existait en ce bas monde une petite colombe blanche, qui avait voulu ça. Elle ne dit rien, elle restait silencieuse, elle ne voulait rien dire à propos de ce souhait. Il était à elle et tout ce qu'elle espérait c'est qu'il se réalise, même si elle sait que c'est impossible.

«Tu sais Kiies... Tu n'es pas invisible, tu n'es pas personne. Car tu es quelqu'un pour moi... Tu es juste un rayon de soleil... Une colombe.»

Une colombe qui souhaite disparaître. Elle n'aimait pas cette réponse. Elle avait envie de ne l'avoir jamais entendue. Juste après lui avoir dit que rien n'était impossible, il venait de lui prouver que son souhait était réellement irréalisable, en lui prouvant qu'elle existe bel et bien. Après tout, un rayon de soleil ne s'efface pas comme ça de la mémoire de gens, pas plus qu'une colombe...

«Tu as de la chance Kiies... Toi au moins... Tu en avais une ... De... Mère...»

Elle avait une existence réelle. Kazuma lui prouvait à chaque mots qu'il prononçait que son rêve était réellement un vœu gâché par les bêtes et égoïstes envies de la jeune fille. Light s'approcha de l'eau, mais sans la toucher, regardant la dresseuse, comme pour lui demander de s'en aller. Il avait envie de partir, la colombe aussi mais pas dans la même direction et pas pour le même but.

«Tu sais quoi... ? Tu viens de me prouver à deux reprises que mon souhait était irréalisable.»

Elle lui sourit, un sourire qui n'exprimait ni joie ni tristesse. Elle était fâchée, mais pas contre l'aigle. Elle était fâchée contre la vie qui était obligée de lui poser des problèmes pareils, problèmes qu'elle n'aurait jamais voulu affronter.

«De toutes façons on y peut rien. Je te demanderai juste une seule et unique chose...»

Elle se retourna, commença à rejoindre la plage, pendant que Light illuminait de nouveau sa trajectoire.

«Oublie l'oiseau de passage que je suis. Ce sera déjà un pas vers l'horizon dont j'ai rêvé.»

S'étant rhabillée assez rapidement, elle n'était pas partie, elle était juste restée là, dos à Kazuma, regardant Light qui semblait triste alors que Kiies lui souriait. Elle passa sa main sur sa tête comme pour le rassurer... Que si elle n'a jamais existé, lui aussi, il aura tout oublié...

«Tu sais quoi... ? Tu viens de me prouver à deux reprises que mon souhait était irréalisable.»

Comme si son petit monde disparaissait, l'aigle lâchait prise sur la colombe. Une colombe qui voulait arrêter son existence, en ne décevant personne. La demoiselle de neige, qui, pourtant, paraissait si différente des autres et si étrange pour le dresseur, venait juste de tuer le rêve d'un simple rêveur. Elle venait juste de clairement décrire que la jeune fille ne voulait pas être un oiseau. À présent, Kazuma sortit de l'eau, sans adresser un seul regard à Kiies. 

«De toutes façons on y peut rien. Je te demanderai juste une seule et unique chose... Oublie l'oiseau de passage que je suis. Ce sera déjà un pas vers l'horizon dont j'ai rêvé.» 

Le temps. C'était une des seule chose que l'homme ne maîtriser pas. Le temps était un dieu, un dieu invisible pourtant cruel. N'importe quel être vivant en subissait les conséquences. L'aigle comprenait à présent son souhait. Il lâcha un long soupir, en regardant au loin. Son visage était totalement impassible, tel un être sans cœur, un démon sans ailes. Une vielle coquille vide, un aigle perdant les ailes de la colombe. 

« C'est dommage de vivre en souhaitant la mort ... Ton souhait peut être exaucé, si tu souhaite disparaître... Tu aurais pût te suicider... Hu-hu... Le temps aurait fait tout le reste... Sauf pour ta soeur... Adieu demoiselle de glace. »  

Le jeune homme partit vers les rochers, pour s'y asseoir tranquillement. Noctali le rejoint, en trottant avec grâce. Le regard perdu dans l'horizon, le visage sans expression, quelques larmes roulèrent sur sa joue, alors que ses bras étaient recroquevillés sur ses genoux.

Une sensation de dégoût, comme une envie d'à nouveau s'envoler mais sans fuir, comme si les pattes de la colombe venaient de se briser à l'instant même, comme si les crocs d'un loup venait de se planter dans sa pauvre chair. Elle n'a jamais souhaité sa mort, elle n'est pas suicidaire et ne compte aucunement se faire souffrir pour atteindre son but. Non, la mort n'est pas ce qu'elle attend... Elle n'a jamais voulu y goûter. Et ça, Kazuma ne le comprenait pas. La colombe s'était alors fait de faux espoirs, en pensant qu'il pourrait "peut-être" comprendre ce qu'elle était ou plus précisément, ce qui la hantait. Mais c'était faux, un grand tissu de mensonge qui se déchirait petit à petit pour laisser place à la vérité... Cette vérité qui la fait tant regretter. Kazuma était finalement comme les autres, pas un Pokémon et encore moins un humain, mais il était pareil qu'eux. Kiies soupira, pas par regret mais par déception de voir la vérité...

«Je n'ai jamais souhaité ma mort. J'ai souhaité n'avoir jamais causé de tords... à qui que ce soit. Mais c'était une erreur de penser que tu pouvais comprendre...»

Il était parti, sans même la regarder... Et elle n'a pas voulu le voir mais à lui aussi, elle avait causé du tords. Il était... pareil que les autres... et c'était ça qui lui faisait mal...

«Je n'ai jamais souhaité ma mort. J'ai souhaité n'avoir jamais causé de tords... à qui que ce soit. Mais c'était une erreur de penser que tu pouvais comprendre...»

Une erreur... Une erreur... Voilà qu'il n'avait pas pensé à cela. Ne jamais avoir causé de torts... Souhait bien étrange. Se renfermer sur soi-même pour ne plus causer de torts aux gens. Noctali vint vers la demoiselle, en courant. Elle se frotta doucement sur sa jambe, avant de l'arrêter. Kazuma avait dût en causer pas mal, des torts aux autres. Comme celui-ci. Sauf qu'il ne regrettait rien. Sans bouger de sa place, le jeune homme tourna le regard vers Kiies, sans pourtant se lever. Le Noctali venait juste de s'asseoir devant la dresseuse, la fixant de ses grands yeux foncés, comme Kazuma le faisait si bien. Le dresseur essuya ses larmes d'un revers de manche, avant d'abandonner son T-shirt. Les malentendus ne l'avait pas arrêté. Sur son torses, sur son dos aussi, on y voyait de vielles marques de cicatrices, oubliées. 

« Des torts... J'en ai causé pas mal, tiens. Mais je ne les regrette pas... Désolé... De ne pas avoir compris ton souhait sans explications... Hu-Uh... Sache que tu ne m'as causé aucun torts, Kiies...»

Kazuma se leva finalement de son perchoir, mains dans les poches. Son regard était vide, sans vie. Il anticipait déjà sa deuxième phrase, les mots d'excuses c'était pas trop son points fort. Les autres... Être comme les autres, compréhensible et sans distinction, n'était rien... Sauf que l'aigle comprenait la colombe, bien qu'il fasse lui expliquer. Le jeune homme s'avança, et s'arrêta à un mètre de la demoiselle de glace. 

« Pardonne-moi de ne pas avoir compris ton vœux... Hu-Uh... »  

Il se baissa pour caresser lentement Noctali, un léger sourire sur le visage. Son Pokemon le rendait quelques peu heureux. Sauf que ce petit sourire n'exprimait que de la nostalgie. Une nostalgie que seul lui et Lucario savait et comprenait. 

« ... Fallait pas me dire ton vœu... En faisant ça ... Tu sais pertinemment que tu devra attendre la prochaine étoile... »  

Le vœu de Kazuma ? Un voeu irréalisable. Un vœu qui lui donnait l'envie de revenir en arrière. Un vœu qui lui aurait donner quelque chose d'heureux. Le jeune dresseur avait souhaité une famille heureuse. Une famille constituait d'un père peu sévère, une mère gentille, des grands-parents vivants, et un petit frère... Avec lui comme grand frère. Tout lui allait. Juste une famille qui l'accepterai. Une mère avec qui rire et aimer. Des choses inutiles, car maintenant personne ne s'en occuperait sur cette île, cette nouvelle vie seul avec ses pokemons.

Tu ne m'as causé de torts. Phrase que Kiies n'écoutait même plus à force de l'entendre dans le vent. Pardonne-moi de ne pas avoir compris. Des excuses, en vain, car elle n'était pas en colère et ne lui en voulait pas. Elle était comme dans un gouffre qui venait de l'aspirer avant qu'elle n'ait put atteindre son bonheur. Un gouffre duquel on ne voit rien d'autre que les cafards autour de nous qui nous épuisent et nous étouffent. Rien d'autre que ces misérables bestioles qui nous pompent l'air sans même qu'on puisse leur en vouloir...

«... Fallait pas me dire ton vœu... En faisant ça ... Tu sais pertinemment que tu devra attendre la prochaine étoile...»

Joie, regret, espoir, déception. C'était, dans l'ordre, le schéma qu'on pouvait retenir jusqu'à présent de tout ce qui arrivait à Kiies. Du début à la fin, ça ne donnait que ça, à plusieurs reprises, c'était toujours ça. Kiies était considérée comme une personne très chanceuse. Elle tombait toujours sur les trèfles à quatre feuilles ou sur les étoiles filantes mais ceux-ci ne leur apportaient rien. A chaque fois, elle demandait la même chose mais jamais ce n'était arrivé.

«Tous les jours, j'en vois une. Depuis que je suis arrivée ici, c'est tous les soirs que je fausse compagnie à ma sœur pour me retrouver en haut de la cascade et observer le ciel... A chaque fois je voyais une nouvelle étoile et à chaque fois je faisais le même vœu. A force, je crois que j'ai oublié ce qu'était de croire en ses rêves...»

«Tous les jours, j'en vois une. Depuis que je suis arrivée ici, c'est tous les soirs que je fausse compagnie à ma sœur pour me retrouver en haut de la cascade et observer le ciel... A chaque fois je voyais une nouvelle étoile et à chaque fois je faisais le même vœu. A force, je crois que j'ai oublié ce qu'était de croire en ses rêves...»

Croire en ses rêves... Chose que l'impossible ne réalisera pas. Il suffisait de croire... Comme les gamins, qui croyaient à la petite souris et au père Noël. Pour eux, voir des fées invisibles était très simple. Suffisait de croire. Si tu vois un éléphant rose, ben fallait juste l'imaginait. Sauf que les enfants, en grandissant, voulait que toutes leurs croyances ne soient pas des mensonges. Ils commençaient alors à ne plus y croire... Plus croire en rien du tout. C'est comme quand tu tombe du haut d'une falaise, tu ne vois pls le fond. Tu ferme les yeux et tu attends ta mort prochaine... Sans plus espérer. Tu te faisais une joie de voir le père Noël, mais tu lui enlever son bonnet et tu te rends compte que c'est ton propre père. Tu reste éveillé tard la nuit pour voir la Petite souris pour te rendre compte que c'est ta maman qui te mettais un billet. Tu regarde la nuit par ta fenêtre pour voir ton oncle mettre des œufs en chocolat dans le jardin. Tu veux voler et tu saute comme Peter pan de ta fenêtre pour tomber. Espérer ne servait à rien... 

« ... Qu'as-tu donc fait de si mal pour espérer effacer tes torts ...? »  

C'est tout ce qui sortit de sa bouche. Quelque mots simples mais compliqué. Son père lui avait répéter des centaines de fois par mois que c'était à cause de lui que sa mère n'était pas là. Kazuma s'était toujours dit que si il n'était pas là, ses parents seraient heureux...

«... Qu'as-tu donc fait de si mal pour espérer effacer tes torts ...?»

Le bien, le mal, le bon, le mauvais. Dans ce monde, il y avait toujours ce problème de dualité ou quand tu tues une personne, c'est mal, quand tu en soignes une autre, c'est bien. Sauf que si la personne que tu as tué te l'avais demandé, était-ce réellement mal ? Ou si la personne que tu as soigné voulait mourir de sa maladie, était-ce réellement bien ? Il n'y a pas de jugement pour ça et Kiies n'en avait pas non plus. Dans le monde, pour elle, il n'y avait que le mensonge et la vérité. Quand on se ment à soi-même, c'est grave, mais quand on ment à quelqu'un qui nous est cher, ça l'est encore plus.

«... Tu sais, Théa et moi, on a envoyé beaucoup de courriers à notre père sans jamais recevoir de réponses. On voulait le revoir, lui reparler... On s'est mise à s'inquiéter. Et puis... J'ai reçu une photo dont l'expéditeur n'était pas mentionné et pourtant... Je savais très bien, qui me l'avait envoyé.»

Elle sortit la photo en question de la poche de sa veste, la déplié et la regarda, un sourire aux lèvres, comme si ça lui était égal, sans que ça le soit vraiment...

«William Needles Brawn. 1965 à 2011. Assassiné le 20 mars 2011 par Angélique Brawn McMiley, ex épouse. Pais à son âme. C'est qui est marqué sur la tombe qu'on voit sur le photo... Mon père a été tué par ma mère alors qu'elle nous avait lâchement abandonné. Je suis allée me perdre, deux semaines je suis restée dans la forêt, parce que j'étais triste, dégoûtée et je regrettais de n'avoir rien put faire... Et puis je suis revenue mais je n'ai jamais montré cette photo à Théa. Elle est en droit de savoir... mais je préfère qu'elle continue à espérer.»

«... Tu sais, Théa et moi, on a envoyé beaucoup de courriers à notre père sans jamais recevoir de réponses. On voulait le revoir, lui reparler... On s'est mise à s'inquiéter. Et puis... J'ai reçu une photo dont l'expéditeur n'était pas mentionné et pourtant... Je savais très bien, qui me l'avait envoyé.» 

C'était assez étrange comme ça, mais Kazuma était dans le même cas que son père à ce moment là... Seul sans donner de nouvelles à personne. Si faut quelqu'un sur cette planète s'inquiétait de ce qu'il devenait. Si faut son père regardait tout les jours dans sa chambre pour voir si il était là... Ou si faut son père avait déjà oublié, s'était déjà remarié, avait déjà eut des enfants, et chaque Noël, il leur offrait du bonheur. Si faut les enfants étaient bien traités, si faut son père l'avait totalement effacé de sa vie. Le seul qui pouvait s'inquiéter c'était Pépé Jim' . À moins que lui aussi, il ne soit plus... La photo le fit ressortir de sa rêverie. Il se releva pour observer cette même photo. 

«William Needles Brawn. 1965 à 2011. Assassiné le 20 mars 2011 par Angélique Brawn McMiley, ex épouse. Pais à son âme. C'est qui est marqué sur la tombe qu'on voit sur le photo... Mon père a été tué par ma mère alors qu'elle nous avait lâchement abandonné. Je suis allée me perdre, deux semaines je suis restée dans la forêt, parce que j'étais triste, dégoûtée et je regrettais de n'avoir rien put faire... Et puis je suis revenue mais je n'ai jamais montré cette photo à Théa. Elle est en droit de savoir... mais je préfère qu'elle continue à espérer.»

La mère des jumelles les avaient donc abandonné...? Tiens, Kazuma aussi avait abandonné ce qui lui restait de famille. Assassiner... L'aigle se mît à penser quelques trucs pas trop raisonnable... Comme se demander si après ses études, il reviendrait devant son père pour le tuer. Chose peu commune, d'ailleurs. Perdu dans le vide, perdu quelque part en inconnu, il se remit à penser à ses instants dans la forêt... 

« Je ne vois pas de mensonges ou de torts dans ça ... Laisse-la espérer, jusqu'à ce qu'elle te demande ... Mais surtout, laisse-la pleurer sur toi... Hu-Uh... Ou sinon... Dis lui ... Montre lui plutôt... »  

Quelques instants, il se mît à regarder Noctali, comme pour lui demander de l'aide. Sauf que le Pokemon semblait désigner la colombe comme seule aide. C'est ainsi que Kazuma soupira, avant de baisser les yeux... Il désigna une de ses cicatrices, avant de parler d'une voix faible mais audible. 

« Si tu étais mon père... Tu croirais que je t'aurais abandonné lâchement ?... »

Question bête. Mais jamais il ne s'était posé cette question là.

«Je ne vois pas de mensonges ou de torts dans ça ... Laisse-la espérer, jusqu'à ce qu'elle te demande ... Mais surtout, laisse-la pleurer sur toi... Hu-Uh... Ou sinon... Dis lui ... Montre lui plutôt...»

Non. Le seul mot qui traversait l'esprit de Kiies. Le seul mot qui la hantait depuis longtemps. Le refus, la négation, la colère, la déception, la tristesse, toutes ces choses auxquelles on aimerait tourner le dos. Il ne comprenait pas... Il ne pouvait pas comprendre... Tout comme Kiies ne pouvait pas le comprendre. Ils étaient trop différents et la colombe trop naïve pour avoir espéré le contraire... Elle restait silencieuse. Il n'avait pas à lui donner des conseils ou même à l'écouter, il pouvait très bien partir. Pourtant, il restait...

«Si tu étais mon père... Tu croirais que je t'aurais abandonné lâchement ?...»

Elle releva la tête. Des vertiges, sa vision qui devient trouble. Il disparait de sa vue alors que ses yeux sont toujours bien ouverts et elle ne comprend plus ce qui se passe. Elle ravale sa salive. Sans comprendre pourquoi, ça lui faisait mal d'entendre ça... Trop mal.

«Ton... Père ?»

Elle baissa les yeux, honteuses de n'avoir rien suivi, de ne rien savoir de ce qu'il s'est passé pour lui avant qu'ils ne se soient rencontrés. Elle ne voyait que du flou... Le paysage allait une fois à gauche, une fois à droite, une fois il se rapprochait, l'autre il nous évitait. Cette impression de tomber en permanence devenait insupportable.

«Je... Je m'excuse mais... Je ne sais même pas ce qui s'est passé entre toi et ton paternel...»

«Je... Je m'excuse mais... Je ne sais même pas ce qui s'est passé entre toi et ton paternel...»

Souvenirs. Il fallait donc que le dresseur se souvienne de son enfance ... Il fallait, pour que le jeune homme puisse être aidé, qu'il raconte son histoire... Un petit bout, certes, mais son histoire quand même. Kazuma devait se confier à quelqu'un. La première fois qu'il devait se confier à quelqu'un. C'est ainsi, que le regard perdu dans le vide, il commença à parler, d'une voix sans sentiments présent, comme si d'un coup tout s'effondrait. Pas de sourire, mais plutôt quelque chose de nostalgique, quelque chose de très peu commun pour Kazuma. 

« Je suis né dans une famille qui aurait pût être heureuse... Sauf que ma mère est morte à cause de ma naissance. Mon père m'en a toujours voulu... Il prenait sa vengeance sur moi, chaque fois il me battait ou me tapait quand je faisais quelque chose de travers ... À vrai dire, en étant gosse, j'l'ai toujours admiré. Sauf que même en année de maternelle, les profs se doutaient de quelque chose quand ... Hu-hu... Je venais pleurer à l'heure où mon grand-père venait me cherchait... Un jour mon père, se faisant voir par la police, m'enferma dans ma chambre avec un prof particulier... Mais ça ça doit pas t'intéresser.... Hu-Uh... Jusqu'à mes 7 ans, j'endurais les insultes et les coups de mon père. Après je suis parti, abandonnant mon pc et ma chambre, dans la forêt avec Lulu... Je les ai tous abandonné... »  

Noctali se frotta contre lui, pour le rassurer. Kazuma le ramassa et le prit dans ses bras, en le caressant tendrement. Il releva la tête vers Kiies, en soupirant. Elle ne comprendrait sûrement pas... Qu'importe, ça lui faisait un poids en moins de parler. L'aigle venait de s'écroulait sur la colombe, comme si ses pensées ne résistaient plus. Droit comme un piquet, Kazuma, perdu dans un vide infini, se tenait droit, impassible. Abandonné sa vie pour se donner à autre chose... Qu'il ne savait lui-même pas. 

«  Je n'ai rien regretté... Et je leur ai jamais donné de nouvelles non plus. »

«Je suis né dans une famille qui aurait pût être heureuse... Sauf que ma mère est morte à cause de ma naissance. Mon père m'en a toujours voulu... Il prenait sa vengeance sur moi, chaque fois il me battait ou me tapait quand je faisais quelque chose de travers ... À vrai dire, en étant gosse, j'l'ai toujours admiré. Sauf que même en année de maternelle, les profs se doutaient de quelque chose quand ... Hu-hu... Je venais pleurer à l'heure où mon grand-père venait me cherchait... Un jour mon père, se faisant voir par la police, m'enferma dans ma chambre avec un prof particulier... Mais ça ça doit pas t'intéresser.... Hu-Uh... Jusqu'à mes 7 ans, j'endurais les insultes et les coups de mon père. Après je suis parti, abandonnant mon pc et ma chambre, dans la forêt avec Lulu... Je les ai tous abandonné...»

Regret, mensonges, abandons et fuites. Terrain sur lequel s'avançait la colombe, dangereusement, sans plus rien pour se protéger hormis ses misérables plumes fragiles. Devoir marcher sur des œufs sans pouvoir les survoler ni les casser... La colombe regarda juste Kazuma, sans un mot, sans un bruit. Elle baissa alors les yeux, comme pour éviter de devoir recroiser des sentiments qui la renfermait dans ses yeux... Sa vision n'était toujours pas nette et ses vertiges continuaient, comme si elle venait de voler le tour du monde, comme si elle continuait d'aller plus loin qu'elle ne le peut.

«Je n'ai rien regretté... Et je leur ai jamais donné de nouvelles non plus.»

Elle releva la tête vers Kazuma. Elle lui fit juste un sourire. Elle ne se voulait ni rassurante ni vexante, elle était franche en lui souriant... Ce n'était ni de la compassion ni de la moquerie...

«Tu t'en veux pour beaucoup trop de choses et à cause de ça tu t'encombres de sacs de farine inutiles qui te font redescendre sur terre et te brisent les ailes. Maintenant, tu n'en as plus... car tu es trop souvent allé plus loin que tu ne pouvais le faire... Et quand on a pas d'ailes, c'est encore plus dur de distinguer le bon sens dans ce que l'on pense...»

Ses yeux se posèrent sur le sol, le sable plutôt... Light regardait tranquillement Kiies en lui rappelant d'un signe de la tête qu'il était vraiment temps de partir si elle voulait pas se faire taper sur les doigts... Mais elle n'avait pas envie de laisser Kazuma s'échapper... alors qu'elle venait enfin de le trouver, après avoir cherché si longtemps...

«Il y a des jours où j'aurai préféré que le temps autour de moi puisse s'arrêter un moment...»

«Tu t'en veux pour beaucoup trop de choses et à cause de ça tu t'encombres de sacs de farine inutiles qui te font redescendre sur terre et te brisent les ailes. Maintenant, tu n'en as plus... car tu es trop souvent allé plus loin que tu ne pouvais le faire... Et quand on a pas d'ailes, c'est encore plus dur de distinguer le bon sens dans ce que l'on pense...»

Un sourire. Chose qu'en importe quel être humain peut faire à quelqu'un, ou quand il est heureux. Kazuma faisait seulement un de ces beaux sourires rassurant ou rempli de compassion, pour ses pokemons ; mais pas un sourire qui ne voulait rien dire, pas un sourire heureux. Pour lui, sourire ne s'utilisait que pour demander confiance à quelqu'un, quelque chose. Être heureux venait ensuite, après en lui succédant venait le rictus, chose qui ne présageait rien de bon. 

L'aigle ne comprenait pas la colombe. La colombe ne comprenait pas l'aigle. Kazuma n'avait pas tout compris de la phrase de la jeune demoiselle, sachant tout de même qu'elle voulait dire quelque chose. Il ne s'en voulait pas. Il en voulait aux autres... Enfin c'est ce qu'il se persuadait à croire. Les ailes... Un oiseau... La pensée... “Du bon sens dans ce que l'on pense” Une phrase qui avait éveillé l'esprit curieux de Kazuma. Le june homme s'apprêtait à poser une question, mais Kiies éleva encore la voix... Des mots qui n'avaient plus aucun sens pour lui. Maintenant perdu quelque part au fond de l'horizon, Kazuma écoutait à peine. 

«Il y a des jours où j'aurai préféré que le temps autour de moi puisse s'arrêter un moment...»

Pourtant... Ces mots le firent revenir vers la réalité, pour répondre à la jolie boule de neige, des illusions brouillaient son champs de vision, avant qu'une longue inspiration d'air retentisse par sa bouche. Un bâillement... L'aigle détournait son attention avec les moyens du bord... Il cherchait à fuir la colombe encore une fois. 

« Carpe Diem ... Cueille l'instant présent... Hu-uh... Je resterai sur cette plage toute la nuit... »

Colère. Kiies était véritablement fâchée et cette fois, ce n'était pas sans éviter l'aigle. Si elle n'avait pas eu cette fichue conscience sur le dos, elle lui aurait craché dessus, sans même daigner à garder sa dignité. Non, elle l'aurait réellement fait si jamais il n'y avait pas eu sa présence paralysante. Présence ou aura, allez savoir... Mais en tous cas, elle ne pouvait pas lui cracher dessus, ça lui était impossible. Les dents serrées, les yeux assombris, posés sur le sable, elle commençait sérieusement à sentir les larmes monter dans ses yeux. Light derrière elle se chargea personnellement d'exprimer la colère qu'elle cachait, tant bien que mal en une simple attaque Psyko contre Kazuma, avant de retourner près de sa dresseuse qui resta planter là... Elle se retourna et se dirigea vers l'école, elle ne fuyait pas, elle abandonnait... Light voulut la suivre mais Kiies avait aussi abandonné sa Pokéball dans le sable... Elle avait tout abandonné... Absolument tout, à part ce qui lui restait de dignité ainsi que sa vie, en simplement quelques gestes, elle venait de tout lâcher dans une marrée de sable. Light prit sa Pokéball entre ses mâchoires, essayant de suivre la colombe mais s'arrêta vite après quelques mots...

«Light. Laisse-moi. Je ne veux plus te voir...»

Elle pleurait sans le montrer, elle partit dos à ce qu'elle avait abandonné... Elle en avait simplement marre... Et elle avait disparut bien plus loin, dans un silence pesant, comme celui d'avant... Mais un silence pesant sans carapace l'est encore plus qu'avec... Light lâcha sa Pokéball qui roula quelques centimètres dans le sable avant de se stabiliser et tristement, il s'assit là, en regardant dans la direction dans laquelle elle était partie, comme s'il espérait la voir revenir...

«... Tant que tu sera là ... ? » Comme un murmure, cette phrase avait dû passer en même temps que l'explosion entre l'attaque Psyko et Noctali avec Balle Ombre... Kazuma s'était assis sur le sol, ne comprenant plus rien à ce qui se passait. Sûrement qu'il ne pouvait pas comprendre... Une expression triste affichée sur le visage de la demoiselle. Cette fois il ne la rattraperait pas. C'était sûrement mieux comme ça... L'aigle examina son pokémon, encore sous le choc de l'attaque Psyko. Il se mit à le caresser, et sortit une baie de son sac bandoulière. Une jolie petite baie Oran, chose qui pouvait éventuellement servir. Le dresseur sortit aussi un petit bol, écrasant la baie Oran avec un bâton, jusqu'à obtenir une alléchante bouillie bleutée. Il en donna un peu à Noctali, avant de s'approcher de Mentali, sûrement affaibli de l'attaque balle ombre reçue de très prés. 

Kazuma s'assit tranquillement près de Light, avant de fixer la pokeball puis la route quelque instants. Il murmura quelque chose comme «Tu m'en veux sûrement... », avant de lui tendre le bol de purée de Baies Orans fraîchement prête. Si le Pokemon n'en voulait pas, Kazuma le mangerait sans hésiter. Il adorait les baies Orans. Doucement, le dresseur prit la pokeball, en observant Light. 

« Sûrement faut-il la rendre à sa propriétaire... C'était obligé que ça tombe sur nous... Hein Nocta...? »  

Le Noctali s'approcha lentement d'eux, avant de s'allonger sur les genoux de Kazuma, en ronronnant. Le Pokemon regarda Kiies partir, en se remémorant les murmures précédents du dresseur... Toute la vie de Kiies était basée sur un fil... Ou pas.

Plus là, disparue, elle avait lâché tous ses Pokémon, comme ça, par la fenêtre. Elle s'était changée, avec des vêtements à Théa, les siens retenaient trop les souvenirs qu'elle avait de ses créatures. Elle avait fermé la fenêtre et la porte, après être sortie par cette dernière, sans rien sur elle, à part un peu d'argent et un pass... Un pass bateau. Tous les Pokémon relâchés, se demandant ce qui se passait, fixèrent autour d'eux et remarquèrent l'absence de Light... Peut-être que lui savait, c'était même absolument sûr. Ainsi, chacun de leurs côtés, cherchant dans des environnements où ils étaient à l'aise. Ainsi, Purl, le Lockhlass, arriva à la plage où il trouva le Mentali aux côtés de l'aigle. Les deux Pokémon semblèrent avoir une discussion entre eux deux... Ils parlaient de Kiies, inévitablement. Purl sembla triste en apprenant et laissa Light partir à la recherche des autres Pokémon qui étaient partis, étant plus rapide que Lockhlass en terrain terrestre...

De son côté, Kiies, en pleine nuit, était allée au port, pieds nus, dans une chemise et un short de Théa... Elle aussi... elle l'abandonnait. Elle laissait tout derrière elle, comme la première fois qu'elle l'avait fait... A l'exception de sa soeur, elle avait déjà tout laissé tomber... Et là, pour la première fois, elle se retrouvait absolument seule. Ainsi assise sur un ponton de bois au-dessus de l'eau, elle laissa ses pieds et ses mollets tremper dans l'eau salée, n'ayant aucune crainte des Pokémon vivant sous cette eau glacée... Elle attendait sûrement le bateau qu'elle avait pris pour venir... Sans forcément penser qu'il reviendra un jour.

Regret. Un simple mot que Kazuma n'avait jamais utilisé. Pourtant aujourd'hui, tout les pokemons de Kiies relâchés, le dresseur savait que ça n'allait pas bien. Comprenant quelques comportements de Loklhass, L'aigle se releva, avant de sortir Lucario de sa pokeball. À peine quelques “Hu-Uh” prononcés, Kazuma s'élançait déjà sur le dos de son meilleur ami, avec Noctali sur l'épaule. Rien ne l'arrêterait. Les flammes entouraient l'aigle, qui d'un pas ravageur, partait derrière la colombe. Sans ailes, on ne peut pas voler. Avec des ailes, atterrir n'est pas une tentation. Chaque seconde le menait vers une mort prochaine. Et pourtant rien ne l'arrêtait. Arrivé au port, il la vit assise les pieds dans l'eau, sûrement à attendre un bateau. Quelle question poser à ce moment là ? ... Kazuma n'en avait pas la moindre idée. Sûrement qu'il allait parler sans but. 

« Dis... Où tu vas... Hu-Uh... ? C'est à cause de moi que... Tu t'enfuis en laissant tout ...? »  

Des questions inutiles. Doucement, il s'approcha d'elle en lui mettant la main sur l'épaule. Silencieusement, le dresseur s'assit près d'elle. Rien ne serait plus pareil... Pourquoi son alter-ego était aussi son opposé ? Pourquoi ne la comprenait-il pas ? Pourquoi il avait parlé de lui ? Si elle voulait absolument partir, la demoiselle aura quelques souvenirs à jamais encrés sur son corps et son esprit... Chose que Kazuma n'hésiterait pas à faire, se considérant comme un monstre... Un pauvre monstre qui ne comprenait aucun humain sur terre. Un monstre qui ne savait même pas ce qu'était un sentiment. Cette fois, le dresseur ne l'empêcherait pas de voler... Seulement...

Seule. Elle voulait être seule. Elle voulait s'effacer, détruire tout ce qu'elle avait fait et construit sur cette île. Elle voulait tout abandonner et ne jamais recommencer sa construction. Comme une tour en Lego que le chien venait d'abîmer, on veut alors la casser parce qu'on est déçu et fâché à la fois. Kiies, c'était pareil. L'histoire qu'elle s'était construite sur cette île venait de se faire abîmer et ainsi, elle la détruit pour ne plus jamais la refaire... Mais que se passe-t-il, en général ? L'enfant recommence sa tour après que les parents soient venus lui dire que ce n'était pas grave, qu'ils pourraient l'aider si jamais il avait des problèmes...

«Dis... Où tu vas... Hu-Uh... ? C'est à cause de moi que... Tu t'enfuis en laissant tout ...?»

Ce qu'elle allait faire, chez elle, n'était pas vraiment conseillé mais c'est ce qu'elle souhaitait faire le plus au monde en ce moment même. La colère de Kiies était retenue trop longtemps en elle, à présent qu'elle est sortie, elle sortira entièrement... Et pour cela, la colombe voulait se venger... Elle partait tuer sa mère.

«A cause de toi, de Light, de Théa, du monde entier... Je pourrais rejeter la faute sur n'importe qui sauf que c'est moi qui ait décidé de détruire ce qui restait encore... Et c'est aussi moi qui ait décidé de détruire mon passé jusqu'au bout.»

«A cause de toi, de Light, de Théa, du monde entier... Je pourrais rejeter la faute sur n'importe qui sauf que c'est moi qui ait décidé de détruire ce qui restait encore... Et c'est aussi moi qui ait décidé de détruire mon passé jusqu'au bout.
-Je te laisserai faire... Seulement si tu promet de revenir vivante. » 

Kazuma savait. L'aigle avait deviné. Le dresseur n'en voulait à personne, sauf peut être à son père. Son monde s'était effondré,  mais pourtant ... Un fil restait. Un fil d'espoir qui se tisserait avec le temps. Tout sera mieux comme ça. Reparti à zéro, Games Over. Soudain il se demanda si il aurait les moyens de s'acheter un Pc. Si il aurait la force de la retenir ici. Soudain, sa force descendit d'un cran. Si elle ne revenait pas, si elle avait réellement tout abandonner pour se venger... Sauf que voilà. Kazuma ne voulait pas la perdre. 

« Tu viens d'abandonner ceux qui t'aiment... La colère doit noyer tes yeux... Hu-Uh... Tes pokemons seront tristes si tu ne reviens pas les chercher. Théa s'effondrera sûrement. Et ... Cet endroit deviendra mon préféré pour espérer te voir revenir. »  

Nostalgie, mal. Kazuma n'hésiterait pas... Sauf que ... Quelle genre de souvenir allait-il lui marquer ? Il hésitait encore. Lucario et Noctali se retirèrent, partant péniblement vers la forêt. Kazuma, quand à lui, restait là, à attendre quelconque réponse de sa part.

«Je te laisserai faire... Seulement si tu promet de revenir vivante.»

Vivante, peut-être mais revenir n'était pas son intention. Elle n'avait pas envie de revenir reconstruire sur les même terres une même histoire. Pourtant... Il la faisait hésiter. Pas hésiter pour prendre sa revanche mais hésiter pour ce qu'elle va faire après. Son regard restait plombant, posé sur l'eau qui commençait à faire de légères vagues à cause du mouvement de ses jambes.

«Tu viens d'abandonner ceux qui t'aiment... La colère doit noyer tes yeux... Hu-Uh... Tes pokemons seront tristes si tu ne reviens pas les chercher. Théa s'effondrera sûrement. Et ... Cet endroit deviendra mon préféré pour espérer te voir revenir.»

Qu'est-ce que c'était, ça ? De la ruse, un coup de bluff ou alors disait-il vrai ? Elle continua de balancer ses jambes, une fois en avant, une fois en arrière. Elle plissa les yeux et retira ses pieds en apercevant qu'elle dérangeait un certain poisson en train de dormir...

«Qu'ils soient tristes et qu'elle s'effondre. Tu n'as qu'à hanter cet endroit. Mais j'ai juré de venger mon père. et je compte bien faire ce que j'ai décidé. Quitte à en mourir j'aurais au moins préserver la dignité de mon paternel... qui le mérite beaucoup plus que moi.»

Le bateau arrivait. Kiies se releva, le regardant se rapprocher. Elle ferma les yeux et soupira. Elle revoyait ces images douloureuses... Celles de son père qui les obligeait à monter, elle et sa soeur. Il leur avait promis de leur écrire tous les jours jusqu'à sa mort... Peut-être l'avait-il fait mais alors jamais ça ne leur était parvenu... Ces images hantaient l'esprit de Kiies depuis beaucoup trop longtemps...

«Ce bateau est celui qui m'a emmené jusqu'ici. Et c'est celui qui me ramènera de là où il m'a enlevée...»