« On peut même tout changer en une journée. » [Pv Kiies]

La nuit avait été encore hantée par de piètres cauchemars ; toujours le même rêve, explicite dans un certain sens, mais qui s'arrêtait au encore à son milieu. Ce rêve, il le racontait pour la énième fois :
Je courrais alors dans ce couloir sombre, orné de tableaux montrant des pokemons maltraités, aux yeux remplis de larmes, me fixant d'un air abattu. Ces Pokemons étaient devenus faibles, mais haineux jusqu'à la mort l'espèce humaine. Plus loin, des hommes aux allures flamboyantes et aux sourires maussades, hasardant part et là des costumes neufs, de couleur noir ébène. Leurs chaussures étaient de cuirs, on ne discernait pas leurs regards lourds, si bien qu'on s'en sentait observé. Je continuais de courir, pour fuir le monde où l'on m'avait mis. Ce couloir paraissait interminable, pourtant je me cognai soudain contre un mur invisible, que j'avais en faite pris pour l'infini : j'aurais donc haïe toute ma vie les trompes-l'oeil. Je me retournais donc, avant de me trouver encerclés par ces pokemons enragés ; mais je les comprenais. « Tuez moi ... Mais avant ça, je tiens à vous dire que je serais toujours votre ami. Croix de bois, croix de fer. » Sur ce serment solanel, des hommes en noirs furent sortis bien vite des tableaux, ou alors je m'y retrouvais plongé. « Ces bêtes te veulent du mal, ce n'est pas bien pour toi, rejoins nous ... Rejoins nous...
- Non !!! » Et voilà, c'était comme ça que se terminait son rêve.

Le réveil sonna, de ce bruit agaçant et aigu, qui perçait les tympans du jeune endormi, avant même qu'il ne soit encore réveillé. Celui-ci envoya un bon coup de pieds à son réveil, pour finalement tomber sur le sol, accompagné de sa couette. Le jeune homme se releva péniblement, encore torse-nu de la nuit ; il se dirigea vers la fenêtre de sa chambre, pour ouvrir les volets. Le ciel était encore clair, les premières lueurs de l'aube se décernaient au loin, sur la mer, à l'autre bout de l'horizon. Le soleil était caché partiellement par des nuages rosés et orangés, les arbres au loin étaient recouvert d'une fraîche rosée matinale ; il ne devait être pas plus de six heures. Kazuma, après avoir ouvert les volets, referma la fenêtre lentement, avant de poser les yeux sur ses six pokeballs. Doucement, il s'approcha d'elles avant de déposer un baiser sur chacune ; leur murmurant à toutes des bonjours, des bien dormis, et tout un tas d'autres mots agréables à entendre.

Le jeune asiatique se dirigea alors à pas lents vers sa salle de bain personnelle ; dans celle-ci, il commença par se brosser les dents, pendant trois bonnes minutes. Ensuite, le damoiseau brossa sa tignasse noire d'ivoire, pendant de longs instants ; vint alors qu'il se déshabilla, pour entrer dans son bain tant désiré. Celui-ci se lava le corps, avec cette eau de toilette au parfum si apaisant, ayant pour odeur celle de la baie Oran. Une fois s'être lavé, le gentilhomme sortit de son bain, réfléchissant à ce qu'il allait bien faire aujourd'hui.

Écouter les cours ? Bien ennuyeux ; pourtant il allait y passer la plupart de sa journée. Pour écouter les professeurs raconter des récits interminables, pour résoudre des équations phénoménales, pour rester à dessiner des étoiles sur les cahiers de cours, à attendre désespérément de pouvoir voir ses pokemons, seuls et enfermés dans leurs objets cylindriques.

Le jeune homme s'habilla enfin, d'un bermuda en jean, de baskets noires, d'un maillot de basket rouge, avant d'enfiler sa sacoche en cuir. Vite fini, Kazuma sortit de la salle de bain, avant de sortir de sa chambre. Longeant le couloir de la Domus sans croiser aucun étudiant, le dresseur arriva jusqu'a sa première salle de cours. Il s'assit dans le fond, fixant les yeux gris du professeur de mathématiques. C'était fascinant, des yeux comme ça. Il y restait plongé pendant des heures, perdu dans un rêve inouïe, jusqu'à ce que la sonnerie fatale le fasse se lever.
Le jeune homme sortit donc de la salle de cour, avant de passer l'heure dans une autre. Celle-ci était la bonne, cette sonnerie accordait au jeune homme un repos de dix minutes dans la cour au vent frai. Il bouquina alors un livre rouge aux dorures brillantes, "Le tour du monde en 80 jours", de Jules Vernes. Ces livres ne l'intéressait pas plus que ça, mais Kazuma s'entraînait à reprendre la langue d'ici. La sonnerie retentit en plein moment d'action ; mais il dû fermer son livre, pour se diriger vers l'autre classe. Dans la lune, par e ne sais qu'elle magie, il atterrit dans le hall. Celui-ci était plus grand que dans ses souvenirs, c'est ainsi qu'il admira ce hall d'entrée pour la centième fois.

Hrps:

Une dernière fois j'aurais voulu pouvoir rester dans mon lit... Flemme. Le seul prétexte qu'on peut trouver dans ce genre de situation. La dixième fois que le réveil sonne, la deuxième fois que la sonnerie retentit, la énième fois que la porte des dortoirs se referme. Si seulement les lits étaient carnivores, ils auraient put me dévorer avant que je ne me lève, et alors là, j'aurais eu une vraie excuse. Ce même matin insupportable ou il faut se lever. Ce même matin insupportable où quand la main se pose sur les couvertures du lit, tu la sens craquer avec toute son ardeur. J'en ai marre. Est-ce que vraiment on a le choix de fuir les matins ? Si seulement c'était possible. Le soleil qui frappe sur ses paupières malgré les rideaux opaques, les oiseaux qui piaillent sans cesse à côté de la fenêtre, le vent qui fait vibrer les feuilles, la pluie de la veille qui ruisselle encore sur le mur et qui parfois même s'infiltre dans la maison. Le matin devrait être banni de notre société. Certains sont de bonne humeur, le matin... Ils s'en vont courir leur jogging matinal, sourire aux passants avec leurs dents trop blanches, mais ça, c'est juste pour les bourges trop parfaits. Kiies n'est pas comme ça. Elle est plus celle qui reste dans son lit, à se tortiller, se retourner, encore et encore, regarder l'heure, taper sur son réveil, se rendormir pour finalement se rendre compte que c'était déjà trop tard pour arriver à l'heure. Celle qui se dit que, quitte à arriver en retard, autant le faire jusqu'au bout, la seule excuse qu'elle se sera trouvée pour ne pas culpabiliser d'arriver des années après la sonnerie. Encore quelques heures et puis je me lève...

Peut-être Kiies était-elle d'accord avec ces façons de faire, ce manque de respect envers cette société qui lui pourrit la vie... Mais autant était-elle d'accord que ses Pokémon, eux, ne l'étaient pas. Ils étaient créatures de la nature, ils avaient besoin de courir, d'être élevés, entraînés, de combattre même... Tout ça était comme vital pour eux, une essence dont ils ont besoin... C'est pourquoi, Tales, son Feunard, sortit de sa Pokéball et vint lui mordre la main. Pire que le réveil matin te bousillant les oreilles, ton propre Pokémon qui te mord presque à t'en faire saigner... Putaaaain... Il pouvait au moins faire doucement. Kiies leva la main, la fixa de ses yeux entre-ouverts et soupira. C'est si dur que ça de ne pas me vider de mon sang ? Elle se leva sans aucune motivation pour le faire, traina des pieds jusqu'à son évier et rinça le sang qui coulait doucement le long de son poignet. Cherchant dans les tiroirs de sa sœur un bandage, elle n'avait pas remarqué qu'elle avait oublié de couper l'eau... Ça fera plus de factures pour l'école, ce n'est pas bien grave, après tout... En tous cas pas pour Kiies qui ne semblait même pas s'en soucier. Elle se fit un bandage sur la main, à l'endroit de la morsure et commença à s'habiller.

Elle se demandait ce qui était le plus difficile à avaler, qu'elle se soit fait mordre par son propre Pokémon ou bien qu'elle se soit réveillée contre son gré. Peut-être un peu des deux en fait... Bien qu'elle ne puisse pas vraiment en vouloir à ses Pokémon. Ceux-ci tous retournés dans leur Ball, à l'exception seule de Kate, son Delcatty, qui restait en dehors... Pourquoi ? Kiies ne sait pas, mais elle n'allait pas l'obliger. Après tout, à cette heure-ci, il n'y a plus beaucoup de surveillants dans les couloirs, alors aucun risque... Enfin, aucun risque, jusqu'à la sonnerie. Ce n'est que dix minutes, mais pendant celles-ci, les surveillants sont nombreux et il est difficile de leur échapper. Pourtant, pour une raison que la jeune fille ignorait, le Pokémon refusait de rejoindre sa Ball... Peut-être est-ce mieux ainsi, autant ne pas s'en faire pour les surveillants...

Après dix minutes d'une chance incontestable pour Kiies qui ne s'était pas fait prendre, la sonnerie retentit une deuxième fois, annonçait la suite des cours dont la dresseuse avait loupé tout le début. Son bon sens lui aurait dit d'aller en classe, mais en avait-elle vraiment envie ? Théa se serait peut-être inquiétée, mais elle sait très bien comment est sa sœur. Sûrement ce sera-t-elle dit qu'elle dormait encore.. Ça aurait été si bien, si ça pouvait être vrai. Si seulement elle avait put dormir ne serait-ce que cinq petites minutes de plus, quel bonheur ça aurait été pour elle... Mais non, il a fallut que ses Pokémon fassent la tête. Au pire, ce n'est pas grand chose... A condition qu'ils restent tranquille... Pas comme Kate qui venait de s'enfuir pour une raison absolument inconnue.

Kiies regarda à gauche, à droite, rien ni personne... Où était-elle passée ? Avait-elle vraiment fuit Kiies pour son manque d'attention ? Elle aime ses Pokémon, mais pas quand ils la réveillent comme ça, il ne faut pas exagérer, quand même... Au pire, Kate reviendra bien un jour, ce n'est pas comme si elle l'avait perdue pour toujours... Rien qu'à cette pensée, la jeune fille se sentait mal à l'aise, elle se mit alors à la chercher désespérément en courant dans tout le bâtiment. En passant parfois devant des classes, elle faisait plus doucement, pour ne pas se faire remarquer, puis continuait de courir. Elle arriva alors dans le hall où elle vit... Delcatty, paisiblement assise devant un... un élève ? Kiies ne le connaissait pas, c'était la première fois qu'elle le voyait. De toutes façons, elle ne faisait pas forcément attention aux personnes qui l'entouraient.

La jeune fille courra auprès de son Pokémon et se mit à genoux devant, prenant la créature dans ses bras... J'étais inquiète, imbécile... La petite chose se retira doucement des bras de Kiies et se rassit devant l'élève. La jeune fille leva les yeux vers lui. ... Un sort d'hypnose ? Kiies pencha la tête. Décidément, aujourd'hui, ses Pokémon ne semblent pas trop l'apprécier. Bon après tout, ça ne change pas trop de l'habitude... Tales la mord tout le temps pour qu'elle se réveille, mais pas aussi fort. Et Kate a l'habitude de courir partout dans tous les sens, mais pas jusqu'à aller voir d'autres élèves... Pourtant, Kiies ne semblait même plus s'en soucier, elle regardait ailleurs... Comme si tout ça n'avait plus d'importance. Elle restait là, muette et immobile, comme si tout autour d'elle avait disparu...

C'est ainsi qu'il admira le hall d'entrée pour la centième fois. Mais es-ce nécessaire, au fond ? Ce hall était si ... Banal. Deux grandes portes vitrées à battants, qui grinçaient quand on les poussait, comme si elles couinaient de déplaisir ; des portes vivantes ? Il ne manquerait plus que ça ; c'était comme quand on écrasait une punaise, la bestiole commençait à émaner une odeur dégoûtante, comme si elle n'avait pas eut avant le plaisir de dire "Aye". Ces portes à battants, elles faisaient pareils, au fond. Le tintement nous cassaient les oreilles juste par ce qu'elles n'avaient pas eut le réflexe de lancer un "faites attention avec les portes comme nous, on est fragile" : mais qu'en avait-il a penser, Kazuma, des portes ? Rien, justes qu'il aurait dû la pousser moins fort. Le sol avait été salis de nombreuses fois par des chaussures pleines de boue, ou même par des élèves qui avaient jeter leur bon vieux Chew-gum à la fraise, là comme ça, car il n'avait plus de goût. Le carrelage était un mélange de beige clair et de orange, ce qui pouvait donner des effets d'optiques très suspicieux, de loin, comme y voir son reflet et de se rendre soudaient compte qu'on avait oublié de se couper la barbe y'a trois jours. Des casiers bleus et verts étaient mis de chaque côtés du long couloir d'entrée : une grande partie avait de bons cadenas colorés, d'autres se laissaient porter par le vent, et claquaient en rythme avec la porte couinante. Le plafond avait une couleur grisâtre, pourrie par le temps, certaines parcelles se détachées presque du socle où elles avaient été posées. Des ampoules tombaient ici et là, éclairant d'une faible lumière son environnement.

Le jeune garçon lâcha un soupir endormi, avant de regarder pour la énième fois la fraîche couverture de son livre aux bordures dorées ; « Jules Vernes, quel source d'inspiration passionnante... Je m'en serais arrêté au titre si j'avais su. Le tour du monde, voilà quelque chose à faire rêver pour certains ; mais je dois me concentrer sur l'apprentissage du Japonais, ça commence à me chauffer les neurones cette histoire. » pensait le jeune encore endormi du matin. Relevant la tête en envoyant ses courts cheveux valser, le damoiseau déposa son regard vers un bruit environnant : un miaulement, peut être. Tout d'abord, il n'y fit pas attention, continuant de bouquiner avec une tête de Ponchien battu, appuyé sur des casiers lamentablement fermés à double-tour. Le miaulement se faisait insistant, et il ne pût que faire attention à cette chose qui le dérangeait au plus profond de son âme. Kazu-chan vit tout d'abord une touffe rose fushia -qui virait d'ailleurs au rouge- avant de se rendre compte que c'était un Pokemon, un Pokemon qui le regardait avec insistance. Pris de vertiges, le jeune homme se laissa tomber sur le sol, lâchant son livre écarlate dans un fracassement épouvantable pour les pauvres tympans du garçon, sûrement deux fois plus pour le Pokemon en face de lui.

En le regardant de plus près, yeux dans les yeux, le dresseur posa doucement une main sur le petit monstre. Son pelage était doux, soyeux, et les yeux de la créature était d'un noir ébène qui brillait d'un éclat tendre. Après concertation, le jeune homme apparenta le Pokemon avec Skitty, donc par élimination, ce fut à un Delcatty qu'il avait à faire. Sa couleur étrange le fit cependant douter.« Ce doit être très rare, pensa le jeune garçon, je me demande à qui cette si mignonne créature pourrait être. Personne ? » Il l'aurait bien adopté, dans ces cas là. Des bruits de pas commencèrent à se faire entendre dans le couloir, quand un stress phénoménal germa dans l'esprit du jeune homme : l'interdiction de faire promener ses pokemons dans l'établissement. Et si jamais il se faisait prendre ? Comment pourrait-il expliquer que ce magnifique spécimen ne soit pas à lui, mais à un être humain inconnu ? Kazuma fixait avec affection le Pokemon qui s'était assis devant lui. Son nouvel ami, avait-il commencer à dire.

« Delcatty, c'est quoi ton petit nom ? T'as pas de collier ? Et alors, c'est bien ici ? Tu veux t'enfuir, hein ? » Tout ça dit avec des “Hu-hu” ou encore en murmures, le jeune homme esquissa un léger sourire. Il n'était même pas sur que Le Pokemon comprenne.

« Hu-hu... T'es comme moi ! » avait-il finit par lancer. Ils restèrent de nombreuses minutes à se fixer, Kazuma avait la main sur le haut de la tête de Delcatty, en lui faisant de caresses douces et posées... Tomberait-il amoureux d'un Pokemon ? « Non, non, non, je suis humain ! » C'était ce qu'il avait répéter durant ces années passées dans la forêt, mais es-ce réellement vrai ? N'y aurait-il pas un peu de Pokemon caché en ce royal collégien ?

Plus de caresses, plus de câlins, plus de rires, tout n'était plus que rêve et flou dans son esprit. Ce petit Pokemon venait de franchir la limite du glacial dresseur ; jusqu'à ce que celui-ci lève la tête pour apercevoir une jeune fille s'arrêter devant eux, avec un visage si inquiet qu'on aurait pu voir une mère cherchant ses enfants... Le dresseur stoppa son sourire, son visage devint impassible, froid, ailleurs,... Il lâcha alors le Pokemon, pour laisser cette inconnue l'approcher en courant comme une malade, pour le serrer dans ses bras en le traitant d'imbécile. Voilà comment, pour l'instant, Kazuma-San voyait les choses. Le Pokemon revint s'asseoir en face de lui, comme si il ne s'était rien passé. La demoiselle fut tout à coup plus calme, plus dans la lune... À en devenir plus inquiétant encore. D'une voix impénétrable et lente, le collégien lança :

« Ce magnifique Delcatty est à vous ?... Hu-hu... » Ce “Hu-Hu”, c'était une sorte de bruit indescriptible rappelant la mer, ressemblant étrangement à un cri de Pokemon ... Un truc à foutre les j'tons, quoi. Mais il était comme ça, ce petit. Un vrai mystère de la nature.

Comme un vent qui soufflerait dans une autre direction, comme un vent qui soufflerait derrière ta tête mais tes cheveux qui partent derrière toi. Un vent pas tout à fait comme une tornade ni un typhon, juste un vent de mer qui te fait perdre ton équilibre. Que se passait-il dans la tête de Kiies au moment-même où elle venait de perdre son regard dans le vide ? Quels méninges pouvaient bien travailler dans sa tête ? A condition seulement d'en avoir... S'il vous plait, évitons de nous questionner sur ce que continent le crâne de la jeune fille, on pourrait être étonnés en y remarquant un mélange d'air et d'eau avec des poissons qui se baladent... Peut-être même cela n'est pas très étonnant... Enfin passons, on ne saura peut-être jamais quelles raisons poussent-elles Kiies à être aussi... étrange ? Justement en parlant de ça, c'était à ce moment précis, qu'elle se leva en tournant sur elle-même, s'avança vers l'inconnu, le regarda dans les yeux, puis sourit... Un sourire pouvant se montrer agréable, chez elle, il peut très bien se montrer inquiétant. Elle clapa trois fois des mains d'une manière lente et régulière devant les yeux du jeune homme, puis afficha un large sourire. On pouvait voir ses dents si blanches se révéler... Comment était-ce possible qu'une fille si belle soit aussi bizarre que Kiies ? C'est souvent un problème, quand il s'agit de se faire des amis... Ça ne semblait pas pour autant la déranger plus que ça. De son index elle poussa doucement le front de Kazuma et puis pencha la tête.

«Tu es le seul qui ne cligne pas des yeux quand on clape des mains devant ! C'est drôle !»

Elle trouvait ça drôle... Ça ne l'était pas vraiment, mais tant que ça peut l'amuser un minimum, c'est drôle, à ses yeux. Elle fit plusieurs fois le tour du hall, avant de lancer sa Ball sur Kate, ayant perçut un surveillant... celui-ci arriva quelques minutes après, comme si Kiies l'avait senti venir. Il la regarda d'un air méprisant, comme si elle était un monstre. Après tout, elle n'est pas en cours, et en plus, il sait très bien qu'elle laisse ses Pokémon libres... Sauf qu'il ne peut pas l'accuser sans l'avoir vue, si ? Kiies lui fit un grand sourire comme pour se moquer de sa situation. Et puis retourna auprès de l'inconnu.

«Moi je m'appelle Kiies Brawn ! Normalement je fais la présentation de ma jumelle aussi, mais elle est en cours et je viens de me lever alors j'ai pas envie d'aller la rejoindre.»

C'était un court résumé de la situation, mais un résumé quand même, après tout. Fallait-il plus que ça ? Kiies s'abaissa et mit sa Ball dans son sac. Elle fixa intensément le garçon, sans bouger son regard... Jusqu'à ce qu'elle lui sourisse et tourne quelques fois sur elle-même, sans bonne raison, juste envie de le faire. Était-ce de la stupidité ou du bonheur certain ? Allez savoir.

«Au fait, tu aimes les Pokémon, j'ai vu, non ?»

Le jeune homme avait maintenant son regard inexpressif posé sur la femelle être humain au regard vide. Ses yeux avaient une belle teinte bleutée, presque envoûtante, avec aussi quelque chose de moins naturel, comme cette peau blanche, avec un trait noir sur chaque œil. Avec ses cheveux blancs, qui aurait pût croire une seconde à ce que cette “Jolie” demoiselle soit une réalité ? Il aurait pût lui faire remarquer qu'elle ressemblait à une statue de marbre, comme ça ; mais il ne le fit pas, car il reposa instantanément ses yeux noirs sur le Pokemon. L'être humain en face de lui l'intriguait, certes, l'intimidait, même. C'était une fille, voilà ce que c'était. Kazuma se demandait encore le type de Pokemon que ça pouvait être, les filles. C'était si fragile, ça versait des larmes pour rien, ça criait dans le noir, ça s'énervait quand leur mascara coulait... C'était vraiment bizarre, une fille humaine.

La jouvencelle se releva soudainement ; Kazuma ne l'avait pas vu venir, celle là. Elle s'approcha dangereusement du collégien, en le regardant dans les yeux. C'était pour qu'il puisse mieux contempler ses iris bleues ? Voilà qu'elle lui souriait, à présent; que pouvait il bien se passer dans la tête de cette inconnue ?... La jeune fille tapa trois fois dans ses mains, comme pour vérifier quelque chose ; Kazuma, trop intrigué et abasourdi par ce qui se passait, ne bougea pas d'un poil. Qu'es ce qu'elle voulait, elle ? C'est alors que son sourire de fit plus grand, elle sortit une remarque, à peine comprise par ce petit asiatique.

« Hu...Hu... Ouais...? » Encore ce bruit indescriptible de "Hu hu", ce sifflement rauque rappelant la mer, ce petit cri de Pokemon, ce truc qui faisait fuir tout le monde, ce truc qui énervait les gens, sauf elle. Cette lycéenne devant lui, qui s'amusait de ça. Peut être voulait-elle se moquer de lui ? Rien de très logique chez cette pâle demoiselle. Elle se mit à faire le tour du hall, le jeune garçon la suivait à présent du regard, comme si c'était quelque chose de nouveau, une découverte scientifique qui ne tarderait pas à faire monter celui-ci en savoir et en fortune. En y réfléchissant, à première vue, ils étaient totalement opposés : elle avait une couleur de peau pâle, lui avait une couleur de peau foncée, elle avait des cheveux blancs, lui les avait noirs, elle avait des yeux clairs, les siens étaient noirs, un sourire éclairait son visage, elle montrait ses expressions, alors que notre collégien ne laissait percevoir aucun sentiment humain. Elle fit soudainement rentrer son Pokemon dans sa boule cylindrique, à la venue d'un surveillant. « Dommage, se dit-il, j'aurais pu rester plus de temps avec ce Delcatty. » Le surveillant faisait même peur, à les regarder comme ça. C'était tellement comique que Kazuma aurait pu en rire ; mais au lieu de ça, il avait les yeux baissés vers le sol, comme déçu que son ami soit parti. Cette inconnue fit donc sa présentation, en expliquant qu'elle avait une jumelle -chose très importante pour notre Kazuma, si il voulait un jour revoir Delcatty-, apparemment, c'était donc à lui de se présenter et d'expliquer ce qu'il faisait ici.

« Hu-hu... Je... Je m'appelle Kazuma Iresawa, et je me dirigeais vers mon cour de français jusqu'à ce que je rencontre une très mignonne amie. »

Il avait un accent bien prononcé, un accent venant de nulle part, une façon de parler bien à lui, avec une voix presque de femme, bien qu'elle soit grave sur certaines syllabes. C'était presque comme si il n'était pas habitué à parler -ce qui était peut être vrai, après tout, car le temps de réadaptation ne viendrait jamais à son terme-. Une très mignonne amie ? De qui pouvait-il bien parler ? Il vous aurait répondu quelque chose comme “ Ben Delcatty, tu crois que j'aurais appeler une femelle être humain très mignonne amie ? Non mais oh, je la connais même pas. ” La demoiselle le regarda encore une fois, plus intensément, et le garçon fit de même, mais avec des yeux intrigués. La demoiselle fit encore des tours sur elle-même. « Elle devait aimer ça, pensait-il, c'est sûrement ça la nature humaine... » Jamais, durant ces deux ans et demi, il n'avait regarder d'humaine d'aussi près ; il n'avait même pas fait attention aux gens qui l'entouraient, à part peut être son prof de mathématiques, car ses yeux étaient vraiment étranges. Elle venait encore de parler, à croire que les neurones de Kazuma sont là pour marcher. Es ce qu'il aimait les pokemons ...? Ouep, mais pas tous, certains comme les Ronflex... Ou encore les Alligatueurs... C'était pas son fort. Les Ratatas aussi il n'aimait pas trop, ça courrait trop vite.

« Hu-Hu... Ben...Hu... Comme tout le monde ici non ...? » Voilà, cette comparaison qu'il avait mit dans sa phrase c'était une sorte de protection, comme si il avait besoin de se sentir aussi comme les autres. Fallait que ce petit parle au gens, avait dit un jour son bon vieux grand-père... D'ailleurs, qu'était-il devenu, lui ? Bonne question, et Kazuma n'aura jamais la réponse.

« Et toi, hu-hu... Pourquoi tu courrais après ton Pokemon ...? Il avait pas l'air de beaucoup t'apprécier. »

Peut être une phrase de trop pour notre cher collégien, quel prix allait il payer ...?

Pire qu'une chose qu'on abandonne, c'est une chose qu'on récupère sans la satisfaction de l'avoir fait. Y avait-il vraiment une chose moins importante que les actions présentes ? Peut-être oui, peut-être non. La meilleure des solutions aurait été de tester plusieurs possibilités, mais Kiies était heureuse comme ça. Ce n'était pas important de faire un ou deux tours, de faire attention à l'avis des autres, tout ça n'avait pas d'importance. La seule chose qui l'est est d'être heureux. Ça c'était, bien qu'inconsciemment, ce que pensait la jeune fille. Il n'y avait rien d'autre dans sa tête, rien de plus qu'un instinct perpétuel qui lui répétait de tourner, courir, tant que ça peut lui faire plaisir. Mais si jamais ce plaisir était une illusion, il aurait peut-être fallut trouver une autre solution, mieux qu'un discours qu'on écoute et mieux qu'un sourire qu'on regarde... Voir les autres mentir lui était égal, voir les autres se cacher était sans importance et voir les autres rigoler derrière elle l'était encore moins. Kiies n'était pas du genre à se chercher des ennuis, elle est un va-et-viens permanent entre l'eau et l'herbe, le ciel et la terre, un aller-retour constant entre le bonheur et l'amusement. Était-ce une mauvaise chose d'être inconsciente de la souffrance autour d'elle ? Elle ne l'était pas, elle passait à côté sans rien dire, sans gêne ni bonheur, elle passait juste comme un fantôme qui refusait de voir que même si elle est heureuse, d'autres ne le sont pas. Elle a rayé la souffrance et l'humiliation hors de son champs de vie, comme si c'était une chose maudite de laquelle il ne fallait pas parler, un sujet tabou.

Avait-elle vraiment le choix de laisser courir ses Pokémon dans l'établissement ? Elle aurait put laisser Kate hors de sa Ball, mais à quel prix ? Qu'on la lui retire, c'était hors de question. Peut-être ses Pokémon ne sont-ils pas d'accord, car ils ne sont pas conscients de la débilité humaine... Mais il le fallait, il fallait que la jeune fille les renferme. Elle ne pouvait pas prendre le risque de les perdre. Le seul qui la comprenait était Tales, son Feunard. Même Kate n'était pas consciente des intentions de sa maîtresse... Alors qu'elle est son premier Pokémon. Kiies pouvait très bien supporter que ses Pokémon la déteste, tant est que c'était pour les protéger. Elle pouvait très bien accepter qu'ils la mordent, la griffent, même s'attaquent à elle... Kiies aimait ses Pokémon, et même s'ils ne le savent pas, elle sera toujours là pour eux, quoi qu'il arrive... Voilà l'innocence des Pokémon, ils ne savent rien de ce qui les entoure. Et peut-être que c'est mieux ainsi. Kiies passait son regard vide dans les couloirs, une fois à droite, une fois à gauche.

«Hu-Hu... Ben...Hu... Comme tout le monde ici non ...?»

Kiies prit un air sérieux. Pourquoi sa question l'interpellait-elle autant ? Elle pencha la tête, sans savoir pourquoi, elle avait l'air rêveuse à ce moment-là. Était-il aussi naïf pour croire que chacun des êtres ici aimait les Pokémon comme lui le faisait ? Elle hésita, sans raison apparente, mais elle ne dit rien pendant un moment. Le silence fut pensant pendant quelques minutes, puis elle ferma les yeux et commença à marcher en aveugle, mais en confiance de l'espace qui l'entoure, sans se soucier de se prendre un mur ou un escalier. C'était comme de la magie qu'elle puisse tout éviter sans même les regarder.

«Ici, tout le monde n'aime pas forcément les Pokémon. Ici, ils les entraînent, les martyrisent, les rendent plus forts mais moins aimables, plus cruels et moins attendrissants. Les Pokémon sont devenues des machines de guerre pour certains dresseurs un peu trop maladroits. Ils ne reçoivent plus d'amour de leur part et c'est comme si ils les avaient capturés dans un seul but, être le meilleur.»

Kiies rouvrit les yeux et regarda devant elle, son regard figé sur le sol. Ses pensées impénétrables et son corps immobiles, personne ne savait ce qu'elle pouvait bien croire ou insinuer. En même temps d'être un vrai mystère, elle était également une personne bien que pleine d'enthousiasme sur qui... il ne fallait malheureusement pas compter. Elle n'était pas lâche et n'était pas du genre à faire de sales coups, pourtant, elle n'était pas forcément une personne de confiance... Elle était trop étrange pour que quelqu'un la lui accorde...

«Et toi, hu-hu... Pourquoi tu courrais après ton Pokémon ...? Il avait pas l'air de beaucoup t'apprécier.»

Elle ne lui adressa qu'un simple sourire qui ne voulait rien dire. Un sourire qui semblait assez naïf pour croire qu'il n'avait pas totalement tords, mais pas totalement raison non plus. Il y a des choses comme ça qu'on ne pouvait pas s'expliquer. Des choses si étranges qu'on ne pourrait pas les décrire. Kiies fait partie de cette minorité de personnes qui sont incompréhensibles, impossibles à suivre... et peut-être même effrayantes... Mais faisait-elle vraiment peur ou était-ce juste un seul frisson qui parcourait le corps de chacun qui croisait son regard, qui était étrange ? Il n'y avait rien pour le prouver, mais rien pour contredire non plus, alors personne ne pouvait rien dire. La jeune fille semblait jusqu'ici ne pas vouloir répondre, et pourtant, elle le fit quand même...

«Peut-être qu'elle ne m'aime pas, mais serait-ce vraiment une raison de me détester ? Si elle me fait la tête, c'est parce que je dors trop longtemps, et elle a envie de courir, et moi de dormir. On est un peu en contradiction, pour l'instant...»

Contradiction, c'était le mot exact pour définir la relation entre Kate et Kiies pour l'instant. Normalement, ça ne se passe pas comme ça, mais c'est de plus en plus régulier que Kiies reste dans son lit pendant des heures et des heures tellement ça lui est agréable, pendant même parfois toute une matinée, elle reste dans son lit, tellement le tissu est agréable contre sa peau, tellement la chaleur en dessous des couvertures est douce... Sauf que Kate n'aime pas qu'elle reste là, sans rien faire d'elle. Il fut un temps où Kiies se levait à l'aube pour ses Pokémon, et qu'elle courrait alors dehors avec eux. C'est depuis l'arrivée du Feunard, que ça a changé, depuis que Tales lui a offert la possibilité de prendre du plaisir pour elle, et pas uniquement pour ses Pokémon. Kate est devenue infiniment jalouse de Tales, et prend plus ou moins vengeance sur sa dresseuse, qui n'a rien vu venir... Mais était-ce réellement sa faute ?

La jeune fille était immobile, devant un escalier, le visage levé vers le haut, comme pour essayer de voir quelque chose ou quelqu'un arriver, mais rien ni personne n'était dans son champs de vue. Kiies semblait à la fois rêveuse et triste à ce moment-là, pas forcément par rapport à ce qu'a dit le jeune homme, mais plus par une habitude que de changer d'expression à chaque seconde de son existence... Était-il vraiment nécessaire de jouer à ce jeu permanent où chaque fois elle sait qu'elle va perdre ?

T'es là. Oui t'es bien là, comme quand tu marche dans la rue, que tu regarde une vitrine, quand t'es en classe, quand t'es dans la cour de récréation assis sur un banc, seul... T'es bien là, sans que personne ne fasse véritablement attention à toi, t'es juste là dans le décor. Tu sers à rien sauf à faire joli, tu t'incruste juste avec les autres, ou alors tu t'isole dans ton coin, pour te sentir à l'abris du danger que pouvait être le monde. En l'occurrence, le jeune homme faisait parti de ceux qui faisaient des va et vient dans le décor qu'est la vie. On te lance des insultes, sans même plus que tu sache pourquoi, t'as rien fait mais t'es là, t'es là pour que personne ne te regarde quand tu viens de terminer un livre. Tout le monde s'en fiche, tout le monde ne regarde que les gagnants, sans même se retourner pour aider le perdant. Sauf que là, Kazuma fait partie de ceux-là, ceux qu'on félicite quand ils ont fait quelque chose de trop bien pour les humains, comme parler à un Pokemon, le sauver, ou encore gagner un match, mais quand il fait quelque chose d'insignifiant, personne l'aide, personne ne lui dit que c'est bien, personne n'y fait attention. Quand tu tombe dans le couloir, quand tu te ramasse sur le palier, c'est comme si t'existais pas, comme ci t'étais juste une fourmi de plus sur cette terre de lettrés. Quand t'arrive au tableau, pour bégayer quelque chose d'incompréhensible tellement tu stresse, tout le monde en rit, sauf ton seul allié qui est le professeur à côté de toi. Celui-ci te regarde avec ses grosses lunettes de verres, en faisant une tête de sadique de renommée. On dirait même qu'il avait fait ça pour te punir d'avoir dormi les deux heures d'avant ; finalement il était peut être pas bigleux.

Le damoiseau releva la tête vers la toupie aux cheveux décolorés, elle avait pris un air sérieux. Es-ce donc lui qui faisait cet effet ? Cette personne avait été par pur hasard la première à la quelle il avait parler en face, depuis un bon bout de temps. Ses pokemons, Kazuma avait décidé que ça serait sa vie, mais avait-il le choix ? On ne lui avait jamais rien demandé, jamais rien proposé. Inexistant, oublié, il se faisait encore collé par quelques groupies acharnées, -qui avaient d'ailleurs abandonné pour lui faire sortir une phrase- ces genres de personnes qui te colle sans que tu saches pourquoi, qui te caresse les cheveux avec le sourire, qui se mettent des tonnes de maquillage ou de trucs fuchsia et qui te demande si elles sont jolies, des filles qui veulent te prendre en photo pour le fun, pour prouver qu'elles étaient là à ce moment précis, pour juste dire qu'elles sortaient avec quelqu'un de populaire. Cette dresseuse en face de lui n'était pas comme elles ; celle-ci était plus fascinante, plus étrange, aussi incompréhensible que lui. Peut-être cette jeune fille serait son choix, sa nouvelle amie, celle qui le détachera de ses trésors de la nature... Qu'importe, cette fille faisait aussi partie du décor, c'était apparemment le genre de gens sur qui on pouvait marcher sans même qu'elle s'en aperçoivent, ce genre de personne plongé dans leur monde à eux, avec un petit plus si étrange qu'on aurait pas clarifié comme "membre officiel de l'espèce humaine".

«Ici, tout le monde n'aime pas forcément les Pokémon. Ici, ils les entraînent, les martyrisent, les rendent plus forts mais moins aimables, plus cruels et moins attendrissants. Les Pokémon sont devenues des machines de guerre pour certains dresseurs un peu trop maladroits. Ils ne reçoivent plus d'amour de leur part et c'est comme si ils les avaient capturés dans un seul but, être le meilleur.»

Tout le monde n'aimait pas forcément les pokemons... C'était vrai, certaines personnes comme son père ne savait même pas ce que c'était, certaines personnes s'en servaient juste comme une arme de défense...Kazuma se demandait comment c'était possible de martyriser son alter-ego, comment on pouvait rendre cruel un Pokemon, alors que c'était juste l'étincelle ordonnée de la nature. Des machines de guerres ? Le jeune garçon n'avait jamais connu un tel désastre, mais ils en parlaient beaucoup dans les livres, on disant que c'était quelque chose de dévastateur, et que tout le monde en mourrait. Horreur pour lui d'imaginer un être vivant souffrir, même si il avait déjà assisté à la mort d'un de ses amis. Dans le but d'être le meilleur ? Aucun amour ? À quoi bon des pokemons sans amour ?

« Ces gens là ne devraient pas être traités comme des dresseurs... Un Pokemon c'est comme un humain, c'est un être vivant qui mange et qui respire... C'est un trésor de la nature, c'est fait pour être considérer comme un être humain et non comme un simple objet. Hu-hu... Et paradoxalement, dans cette école, on les enferme avec obligation... On leur a jamais demandé, à eux, si ils en avait envie ou pas. »

Un sourire de sa part. Une étincelle de joie, quelque chose qu'il n'avait pas ; avait-il raison, ou tord, peut l'importait, Kazuma trouverait juste un moyen de rencontrer les pokemons de la demoiselle. C'était un peu fait à la va-vite, une décision soudaine et pas réfléchie, quelque chose qui vient sur l'instant, là, comme ça. Mais avait-il réellement envie de voir les pokemons de la jeune fille ? Si finalement, ce n'était pas elle qu'il voulait revoir ? Personne ne le savait, personne ne le saura. Juste un petit clin d'oeil dessiné sur le visage du dresseur, juste un visage impassible de plus sur le tableau de famille. Le jeune homme ramassa son livre de J.Vernes, toujours étalé sur le sol, comme lui qui était assis en tailleur sur le carrelage. Des choses toutes simples, qui valent la peine d'être raconter. Dans cette école, si pas de Pokemon sortis, pas de joie, rien qu'un simple courant d'air. Vive les dortoirs et l'espace vert, pensa notre protagoniste inexpressif.

« Hu-Hu... C'est pas bien important, tant que tu lui laisse la liberté de se défouler... C'est tout ce qu'elle demandait... Mais...Tu t'en fiche, tu voulais juste la protéger, non ? »

Peut être un point sur un i dans une phrase, peut être quelque chose de peu important de résolu. Juste quelques conseils d'enfants, comme quand ta petite sœur vient taper à ta porte la nuit pour te dire qu'il fallait pas avoir peur de ce qu'il y avait dans le placard. C'était juste un conseil comme ça, en l'air, peut être qu'elle le savait déjà, peut être que sa relation avec le Pokemon était encore plus complexe qu'une simple contradiction. Le jeune homme se releva avec souplesse, commençant à faire les cent pas dans le hall ; tant qu'à rater un contrôle, autant en rater toute une série. Il s'approcha de cette demoiselle étrange, de cette jeune fille attristée et rêveuse. Elle pouvait donc changer d'expression à sa guise, l'opposé même du dresseur qui n'avait jamais changer d'expression de toute sa misérable existence. Il s'assit dans l'escalier, en face de la demoiselle, dans le silence absolu. Quels pouvaient être ses pensées à cet instant ? Un rêve, une idée, quelque chose de fou et d'impensable, ou simplement une réflexion ne menant nulle part ? Le damoiseau ne savait pas jusqu'où cette rencontre allait, ni même ce qu'elle allait devenir. Juste un vent d'automne en cette journée d'été, simplement intrigué par cette prénommée Kiies. Kazuma la regardait dans les yeux, les sourcils froncés, comme si il essayait de deviner quelque chose.

« Qu'es ce qui va pas ...?Hu-hu... » termina-t-il par dire, pour corrompre ce silence d'enfer. Ses pensées à ce moment là étaient vagues, il pensait au désert, à la mer, au palmiers, aux océans, aux îles, aux vacances, au voyage... Tout ça grâce à ce synonyme de la tristesse qu'était l'expression de la jeune fille. Être triste faisait apparaître des larmes, disait-on.

Hrps:

Aujourd'hui aura été différent des autres aujourd'hui que Kiies connaissait jusqu'à présent. Pour une raison qu'elle pouvait ignorer jusqu'au bout du monde, elle ne savait pas ce qui se passait de différent. Elle ne savait plus rien, comme si elle avait oublié de penser. Pensait-elle réellement ou n'était-ce que l'instinct ? Personne ne savait ce qui pouvait se tramer dans la tête de la jeune fille, personne ne pouvait le savoir, d'ailleurs. Ses yeux fixaient au-dessus d'elle, son visage l'air béat, comme si plus rien ne l'atteignait. Plus aucune réponse ne sortait de sa bouche, elle n'arrivait plus à entendre ce qu'on lui disait. D'un coup, Kate sorti de sa Pokéball et regarda sa dresseuse, l'air inquiet. Tales, son Feunard, fit de même... Pourquoi ? Pourquoi est-ce ses Pokémon commençaient eux aussi à être inquiets ? Elle ne les entendait même pas... A son tour, Lux, le Pharampe, sortit de sa Ball mais celui-ci ne se contentait pas de s'inquiéter, il l'électrocuta, comme pour la faire descendre sur terre. ... Elle n'avait même pas réagit.

Ses pas se dirigèrent vers l’escalier, d'abord doucement, puis elle se mit à aller plus vite, montant les escaliers. Elle avait évité Kazuma sur le côté, le doublant et monta rapidement tout l'étage, ses Pokémon inquiets la suivirent, comme par réflexe... Elle avait lâché son sac en chemin, libérant tous ses Pokémon, comme si elle cherchait quelque chose... Un trésor ? Elle courra dans tous les couloirs ainsi, sans repères, comme si elle était complètement perdue. Pourquoi ? Pourquoi était-elle comme ça à ce moment-là ? Elle courrait, encore et encore, et après un moment, elle glissa par terre et attrapa une petite boule au passage. Elle se mit sur le dos, tendis les bras et regarda la boule bleue de ses mains. Un Cotovol. Que faisait-il là ? Kiies lui sourit gentiment.

«C'est dangereux de t'aventurer comme ça dans les couloirs...»

Il s'envola et Kiies se releva, le regardant s'éloigner, comme s'il voulait qu'elle la suive. Ce qu'elle fit sans hésiter, au vu de la confiance aveugle qu'elle faisait aux Pokémon. Celui-ci lui fit faire des détours improbables, comme s'il voulait en quelques sortes l'éloigner de ses Pokémon... ainsi que de Kazuma.

Ça venait pas. Tout ces efforts, en vain, anéantis par un simple geste. C'est comme quand tu viens de recevoir un jouet fragile à Noël, et que par accident tu le fais tomber. En un bruit, tout se brise sur le sol. Son affirmation se retrouvait de plus en plus vraie, de plus en plus réelle. [c'est pas français et alors ? ] On fait parti du décor, du décor de scène d'où est la vie, on fait parti d'un monde monotone sans lumière... Partie comme un coup de vent, une expression indescriptible sur le visage, un vent d'automne qui soufflait dans la plaine. La demoiselle avait commencé à marcher, laissant sortir ses pokemons les uns après les autres, inquiet de l'attitude de leur maîtresse. Le trop plein de sommeil, peut être ? Il n'en savait rien, juste abasourdi de ce qui se passait. Les pokemons devant lui, passant comme un coup de vent qui l'ignorait pour faire passer le gagnant devant, quelque chose de dangereux dans l'établissement. Le jeune homme avait vu tout partir, tout s'envolait sous ses yeux. Les efforts qu'il avait fait pour être aimable, ces paroles improbables qu'il avait lancé... Tout ça en l'air ? Kazu n'était pas d'accord avec ça. Il fallait rattraper ce qu'il avait perdu ; pas comme ces nombreuses chances qu'il avait laissé filer entre ses doigts.

Se relevant rapidement, le dresseur ramassa les objets laissés tombés au sol, remettant tout dans le sac. Il s'élança à la poursuite du Delcatty et des autres pokemons, puis accessoirement de la jeune fille qui avait miraculeusement changé sa journée. Sans savoir pourquoi, sans savoir comment, tête baissée, il suivait les autres, pour s'intégrer, pour tout simplement par instinct, par ce qu'il en avait envie. Arrivé au premier étage, il vit la demoiselle partir avec un Cotovol. Ahh, il en avait jamais vu, des Cotovols. Peut importe, maintenant, le jeune homme s'était embarqué là-dedans. Voyant qu'ils essayaient de les semés, Kazuma s'arrêta.

« Hééé ! Hu-hu... Arrêtez de courir, ça sert à rien. Il nous faut un plan... Pour voir où ils sont censés arriver. »

Sans grande réponse, le dresseur vit une carte incendie, avec le "vous êtes ici". Bon, et bien il avait de la chance, pour une fois. Le jeune homme traça avec son doigt le chemin qu'ils étaient censés prendre, et rejoignit les Pokemons.

« ...On a qu'à se séparer, et on va forcément les retrouvés. »

Le dresseur leur expliqua du mieux qu'il pouvait les groupes de deux à faire, pour se disperser et retrouver sa trace.

« ...Les pokemons qui ont du flair, partez devant, hu-hu... Si vous avez envie de retrouver votre amie, bien sur.. Moi je vais à gauche dans le couloir du fond, je pense que vous aurez autant de chance de la trouvez à droite, et l'autre groupe, suivez exactement sa trace... Ok ?Hu-hu... »

Pourquoi faisait-il ça ? Pourquoi aidait-il à la retrouver ? Peut être par ce qu'il en avait envie, ou peut-être tout simplement par ce qu'il voulait aider les pokemons, ne pas les voir tristes si il lui arrivait malheur. Si faut il avait parlé dans le vide, dans un rêve incertain ou peut être tout deviendrait noir. C'était juste son envie, son destin, son instinct, sa pensée. Rien de tout cela n'était venu de son propre petit cerveau. Après avoir réfléchi, il ressemblait presque à un chien enragé suivant son maître. Il s'enlaça donc à gauche, avec le plus d'entrain possible. Es-ce de ce côté qu'il allait les retrouver ...?

Ce couloir dans lequel tu t'avances et dans lequel tu te perds est le seul couloir qui peut te mener à l'ombre, mais aussi à la lumière. Comme un gigantesque labyrinthe dans lequel jamais rien n'a de sens, dans lequel tout va de tous les côtés, celui où les murs bougent à chaque haies que tu franchis. Les portes se referment au moment où tu comptais la franchir, derrière toi, plus d'issue alors que c'était par là que tu venais de passer. Un vrai casse-tête, un jeu pour certains, mais une vraie torture pour d'autres. Kiies était ce genre de personnes qui s'amusaient à courir au travers de ce labyrinthe sans jamais en trouver la sortie. Elle trouvait ça drôle, un simple jeu qu'on ne peut pas réussir, sauf en ayant beaucoup de chance. Voilà ce qui l'empêchait de s'inquiéter : la chance. Elle en a toujours eu, comme si l'univers était avec elle, comme si tout faisait en sorte qu'elle soit heureuse dans sa vie. Jamais ça n'avait changé, jamais elle ne s'est retrouvée dans une situation sans savoir quoi faire, il y avait toujours quelqu'un ou quelque chose pour lui indiquer la direction à prendre. A tous les coups ce sera la bonne et à tous les coups, Kiies sera la seule à sortir du labyrinthe infini. Pourquoi ? Parce qu'elle fait confiance à l'imprévu qui se pointe devant elle, elle fait confiance à l'inconnu qui la guide vers une nouvelle merveille... Elle a confiance en tout qui se présente, c'était ça la clé. La confiance.

Les Pokémon aussi avaient confiance... ou en tous cas, en Kazuma, oui. Ainsi ils avaient pris les chemins qu'il leur avait dit, sans broncher. Mais Kiies n'était sur aucun de ceux-là... Kiies était sur celui qu'avait emprunté le jeune homme, elle avait arrêté de courir, elle s'était retrouvée face à une personne qu'elle ne connaissait pas qui, sans même l'avoir vue, lui avait collé une droite. Un garçon, grand, fort... qui venait de frapper une jeune fille aussi innocente et naïve que Kiies l'était. Pourquoi avait-il fait ça ? Et quel rapport avec le fait qu'elle suivait Cotovol ? Questions auxquelles elle eut vite des réponses, étant donné qu'il les lui offrait comme sur un plateau d'argent.

«Tu voulais voler mon Cotovol, avoue-le ! C'est pas bien de suivre les Pokémon qu'on connait pas...»

Alors la raison pour laquelle il l'avait frappée était juste aussi bête ? Kiies était tombée sous le choc, à genoux par terre, le sang coulant de sa bouche, de ses lèvres jusqu'au sol, passant parfois par ses doigts en ruisselant doucement. Que s'était-il passé, à l'instant ? Kiies venait de regretter d'avoir quitté le hall, d'avoir lâchement abandonner ses Pokémon sans même s'en rendre compte... et de même pour Kazuma. D'un coup, elle regrettait de ne pas avoir profité de sa présence, de n'avoir fait que s'amuser, sans se rendre compte de la chance qu'elle avait à pouvoir sourire comme ça, alors que là, ça lui était impossible. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que d'un coup, elle ne voulait plus être heureuse ? Ses jambes tremblaient doucement, elle tenta de se relever mais l'inconnu devant elle ne semblait pas d'accord, lui prit les cheveux du haut de la tête et la rabaissa à ras du sol, la joue contre celui-ci.

«Tu vas m'écouter, Brawn. Ta punition n'est pas achevée, alors tu restes au sol, mais en prime, tu devras aussi me léguer ton Delcatty, tu sais, celui de couleur bizarre, celui dont tout le monde parle pour sa rareté.»

Les larmes coulèrent sur ses joues pour arriver alors au sol. Elle se mordait la lèvre, mais n'hésita pas pour faire un signe négatif de la tête, signe de refus catégorique.

«C'est hors de question. Tue-moi si ça t'amuse mais tu n'auras jamais mes Pokémon, aucun d'entre eux... et encore moins Kate.»

La discussions sur les dresseurs violents entre Kazuma et Kiies se révèle être vraie, finalement...

Tu t'élance comme ça. Juste par ce que t'en as envie, tu cours à n'en plus pouvoir, jusqu'à un point que tu ne sais pas, laissant derrière toi, abandonnés comme jamais, des compagnons qui te sont chers. C'est une force invisible qui te dit d'aller par là, même si tu fais parti du décor, même si t'es invisible au plus haut point. Tu cours à n'en plus pouvoir, sur les routes de la vie, qui te mèneront toujours au même point. C'est un peu toujours comme ça avec Kazuma, c'est toujours l'instinct qui venait avant le raisonnement ; mais là, c'était totalement différent, il s'apprêtait à sauver une dresseuse qu'il ne connaissait pas, à la quelle il avait confié sa passion pour les pokemons, à la quelle il avait parlé, juste comme ça, car le jeune homme aimait son Delcatty. Cette étrange fille lui avait prouvé qu'on pouvait faire parti de son propre monde, sans se soucier du reste, et de pouvoir rêver dans la réalité. Kazuma n'avait pas fait de rêve depuis longtemps, lui c'était toujours le même cauchemar, la même vision qui l'empêchait de dormir. Soudain, il se stoppa. C'était une alerte, de voir comme ça un pauvre étudiant donner une claque phénoménale à Kiies, sans qu'il n'ait pût la protéger, pour ses pokemons. À présent, le jeune homme voyait le danger, et l'imprudence d'avoir laissé ses pokemons en liberté.La demoiselle était sur le sol, en sang, sans qu'il n'ait bougé d'un centimètre. C'était bien beau tout ça, mais il avait besoin de force pour y aller. Cette scène il l'avait contempler en silence, pour une fois faire parti du décor était bien, ça devenait une faveur incontournable.

Le jeune homme s'avança vers le dresseur d'un pas lent, sortant l'objet cylindrique de la jouvencelle de son sac. C'était avec un air sans expression et un visage neutre qu'il éleva la voix, avec une pointe de rire. Un peut tout mélanger, inquiet sans pourtant l'être, frustré sans que ça se voit, tout ça avec un léger sourire, des yeux tueurs et une pokeball en main. Il la fit tourner telle un ballon de basket, avant de pointer du doigt l'individu.

« Toi ! Hu-hu... C'est ça que tu veux ? ... »

Rapide comme une flèche, il arriva derrière le dresseur en agrippant son bras d'un air zen. Une prise simple et complexe à la fois, le jeune homme le fit passer sur son dos d'une main, simplement par la rotation du triceps de ce dernier. Ventre à terre, Kazuma déposa son pied bien fermement sur le dos du dresseur, en s'amusant à sauter dessus. Il n'était habituellement pas du genre à martyriser les gens comme ça, mais là, il l'avait cherché.

« Quel bon trampoline tu fais ... Hu-hu... Je t'ai déjà dis que je faisais du Kung-Fu, avant ? ... »

Dans son élan, il donna un dernier coup de pied sur la tête du jouvenceau, avant de s'accroupir près de la demoiselle, en penchant la tête, avant de l'aider à se relever. Son visage s'était légèrement adouci, comme si il essayait de parler avec un Pokemon, qui n'était qu'en faire que Kiies, cette jeune femme au cheveux décolorés.

« Tu...hu-hu... Vas bien. ?... »

Sans attendre la réponse, le jeune homme la prit sur son dos. Pas de force semblable, juste sans frayeur, avec une pointe d'effet de voltige, comme un rêve qui pouvait s'arrêter à tout moment. Sa mine se fit soudain plus inquiète, les pokemons de la demoiselle étaient en liberté dans ce monde cruel. Il accéléra le pas, avant de lancer rapidement mais fermement.

« Appelle tes pokemons ... Vite...! »

[/i]Plus il avançait, plus son inquiétude se lisait dans son cerveau. Aucune expression sur le visage, impossible de savoir à quoi il pensait. Juste qu'il n'avait pas d'autre solution pour le moment. Il ne savait pas ce qu'il se passait, comme toi quand le matin tu te réveille et que tu te souviens plus que ce que tu faisais hier. Lui c'était simplement pareil, le poids de la demoiselle ne pesait même plus sur son dos fragile, son ardeur pour trouver les pokemons était bien plus forte. Le dresseur les sentaient en danger, par sa propre faute. [/i]

Le labyrinthe auquel tu ne feras plus confiance, pour une raison que tu peux ignorer, n'avait ainsi plus de sortie, le labyrinthe qu'on croit renfermé à jamais, ne t'ouvrira plus jamais ses portes, sans que tu lui fasses confiance. Voilà qu'alors Kiies semblait avoir perdu tout espoir de sortir... tout ça jusqu'à ce que Kazuma arrive. L'avait-il suivi ? Elle ne savait pas. Elle s'en fichait de savoir, elle était juste heureuse qu'il soit arrivée. Elle contemplait tristement la scène, méprisant la violence mais dévouant son admiration pour le courage, elle était un peu partagée... Sans savoir que faire, elle resta immobile, sans rien dire. D'abord en regardant la Pokéball qu'il avait pris de son sac, elle plissa les yeux. Ce n'était pas Delcatty. A quoi jouait-il ? Kiies eut du mal à comprendre, jusqu'à ce qu'il effectue tous ses mouvements qu'elle n'arrivait même pas à suivre du regard. C'était allé si vite, elle n'avait même pas eu le temps de s'en rendre compte. Elle était toujours au sol, comme un pauvre corps pitoyable qui n'attendait plus qu'on lui tende une main, qui attendait juste que son existence se termine. Pourtant, elle voyait tristement le sort qu'était réservé à ceux qui étaient en travers du chemin de Kazuma. Alors il était comme ça, lui aussi ? Avec cette règle de légitime défense ? Ce n'était pourtant pas lui, qui était en danger... Kiies ne comprenait pas, elle ne pouvait pas comprendre...

Kazuma s'était accroupi devant elle sans que son expression sur son visage ne change. Jamais, elle était toujours la même. Cette expression neutre à la fois blasée et sans intérêt de vie, comme si tout autour de lui lui était égal... même le sourire des autres, même le bonheur qu'on peut lui apporter. Comme si tout ça n'était que l'invention de ceux que Kiies appelle communément les "autres", ceux qui se moquent d'elle car elle est heureuse, ceux qui se moquent de son bonheur illusoire, mais agréable quand même. Voilà pourquoi il était différent. Il ne jugeait pas Kiies comme les autres la jugeaient. Non, lui, il était différent des "autres" qu'elle évitait tant, qu'elle pourrait presque mépriser sans vraiment le faire. Il l'aida à se relever, malgré les jambes tremblantes de la jeune fille et, sûrement en remarquant cette faiblesse certaine, la prit sur son dos. D'un coup, Kiies ne voulait plus bouger, juste rester là sans jamais descendre de son perchoir. Elle était plus grande, mais fermait les yeux, comme par peur de tomber... Ce qui l'incitait à vouloir rester là... c'était autre chose. Une chose inexplicable et incompréhensible, qui faisait qu'elle était bien, là. Ce n'est pas comme une chaleur d'un lit et pas comme la fraîcheur d'une glace en pleine canicule, c'était plus que ça encore... C'était une chaleur douce et réconfortante à la fois rafraichissante, au point qu'elle pouvait t'en donner des frissons. Comme une douleur qu'on voudrait ressentir en permanence...

Kazuma avait l'air inquiet, sans que la jeune fille sache pourquoi. Il continuait sa trajectoire et lui demanda d'appeler ses Pokémon. Alors il les avait laissés seuls ? Kiies sembla inquiète, elle aussi. Si lui pouvait l'être, alors c'est qu'il y avait une raison. La jeune fille cherche dans son sac et trouva un sifflet, spécialement conçu par son père, il y a longtemps. Ça ressemblait plus à une flûte qu'autre chose, en fin de compte. Elle souffla mélodieusement dedans, portant un joli son aux oreilles des Pokémon, et de Kazuma par la même occasion. Un air qui attirait ses Pokémon, eux qui ont été bercés par cette douce musique pour tout leur entraînement avec leur dresseuse. Ainsi, ils retrouvèrent tous les Pokémon de Kiies, à l'exception de Kate. La jeune fille sembla inquiète, encore plus qu'avant, comme si quelque chose de grave venait d'arriver.

«C'est bizarre... Normalement c'est elle qui réagit le plus à cette mélodie...»

Là c'était sûr, Kate avait un problème. Sinon, jamais elle n'aurait ignoré le doux son de la flûte. Kiies ferma lentement les yeux et indiqua rapidement une direction à Kazuma. «Là-bas.» lui dit-elle, sûre d'elle. Pourquoi ? Elle ne savait pas, l'instinct, encore une fois. Et justement c'est en prenant cette direction qu'ils retrouvèrent Kate, enfermée dans une ball-piège, les Pokéball si rares utilisées pour capturer les Pokémon qui l'ont déjà été. Kiies hésita, pourquoi était-elle dedans ? La ball était dans les mains d'une personne qui ressemblait étrangement à celui qui l'avait attaquée quelques minutes avant. De la famille ? Était-ce récurrent pour eux d'être désagréables à ce point ? Les ball-piège ne sont pas évidentes à ouvrir, qui plus est... Ce n'est pas une question de force mais de réfléchie... Et ça, c'était un autre sujet... Kiies ne savait pas quoi faire, elle ne savait même pas tenir sur ses jambes, comment aurait-elle put faire quoi que ce soit d'autre ?

Tu viens de sauver une inconnue sans raison. Tu viens de jouer au chevalier servant pour ton simple plaisir, c'est comme un mensonge que tu veux te faire croire toi-même, alors que tu sais bien au fond, que tu ne faisais pas ça sans raison, que tu faisais cette bonne action non pas en tant qu'ange gardien, mais par instinct, pour un sentiment caché à l'autre bout du monde. Un sentiment ? Quel argument suspicieux pour cet homme qui ne ressent la joie qu'auprès des pokemons. Cette fille, c'était quelqu'un différent de lui au point de les comparer à la Terre affrontant l'Atmosphère, c'est deux choses opposées. Impossible de distinguer ce qui était sentiments pour ses pokemons ou inquiétude pour son opposé au sens propre. En y réfléchissant, leurs différences les rapprochaient, leurs faisaient comprendre qu'ils étaient comme liés par un lien invisible, qui les unissaient comme des Alter-égos. Cette personne qu'il connaissait à peine, Kazuma la portait là, sur son dos. Cette demoiselle, avait sûrement presque une tête de plus que lui, elle devait avoir, pourtant, quelques mois de plus, ainsi qu'une classe supérieur au moins. Elle était forcément plus forte que lui, plus aisée. Kiies devait sûrement avoir plus d'expérience, plus d'entrain ; mais il ne savait encore rien d'elle, comme elle ne savait rien de lui.

Quand t'es inquiet pour quelqu'un, tu le cherche partout, tu en pleure si tu ne le trouve pas, tu fais tout ce qui est en ton pouvoir pour rattraper la chose. Dans un doux son mélodieux, les pokemons revinrent les uns après les autres... Sauf cette magnifique Delcatty nommée Kate ; celle avec qui il avait fait connaissance un peu plus tôt. Le jeune homme avait à présent accéléré le pas, les sourcils froncé. Il s'en voulait, de ne pas avoir réfléchi avant, de n'avoir pas pris le Pokemon avec lui, vu qu'il ignorait encore le monde humain, à quel point ce Delcatty là était précieux. Pour notre Kazuma, ce Delacatty était comme les autres, juste douce et attentionnée, gentille et mignonne. C'était un bien joli Pokemon inconnu, voilà ce que c'était pour lui. La jeune fille lui demanda d'aller à droite, comme sûre que c'était la bonne direction. L'instinct féminin, peut être. En tout cas, c'était effectivement le bon endroit. Il releva la tête, avec un léger rictus sur le visage, les yeux toujours froids et fixant la dite pokeball-piège. Cette pokeball avait l'air banale, mais en regardant de plus près, elle ne l'était pas.

Le jeune homme fixait donc à présent le dresseur en face de lui, cet air impassible collé au visage. Plus qu'énervant, ce visage donnait aussi l'idée humaine de fuir ; peut être Kazuma avait tenu ça de son grand père, pouvoir faire fuir les ennemis rien que par le regard.
Quand quelque chose te bloque le passage, le plus évident, c'est de le contourner ; Kazu-San, lui, quand quelque chose lui bloquait le passage, il le faisait se baisser ; mais quand la chose en question ne voulait pas se baisser, ou se pousser, ou se replier, le jeune homme faisait en sorte que la chose reste un tapis le temps de passer et de repasser. C'est la solution qu'il allait devoir sûrement opter. Le collégien s'avança tranquillement vers le gars qui bloquait, avant de lancer une phrase tout droit venu du Pôle-Sud, avec un bon vent froid parsemé de neige et de glaçons.

« File la Pokeball, c'est pas à toi. »

Une, deux, trois... Un de moins. Le jeune homme déposa doucement la dresseuse aux beaux cheveux sur le sol, la regardant avec son air neutre qu'il savait si bien faire, avant de se retourner vers "La chose qui bloquait". Une prise seulement, 5 minutes pas plus ; lui prenant le poignet, il s'arrangea pour que le bras de son adversaire se retrouve dans son dos, à moitié plié à l'envers. Ceci faisait bien mal, parfois, certains y laissait leur bras. Effectivement, notez que cette tentative à déjà brisé le bras de quelqu'un, j'en suis témoins.

Comme une chose qu'on ne peut pas expliquer tel un vent qui souffle dans les deux sens ou une marionnette qui dirige son maître, comme parfois on peut aimer une personne mais par bon sens, ne jamais se l'avouer. Enfermer son cœur, le cadenasser, par peur de devoir l'utiliser et le voir se briser. Mais qu'est-ce qui fait le plus peur ? Sentir son cœur battre ou justement le trouver silencieux ? Pareil qu'une douleur qu'on aimerait ressentir en permanence, pareil qu'un coup qu'on voudrait recevoir une deuxième fois, comme si c'était volontaire de se faire du mal à quel point la sensation était savoureuse. Un Pokémon ne peut pas savoir ce que ça fait... Ils ne peuvent pas savoir ce qu'un humain ressent. Mais Kazuma, lui, était-il comme un Pokémon ? Le visage posé sur l'épaule du jeune homme, ils étaient arrivés devant... l'obstacle ? Peut-être pas très encombrant, en ayant un Poké-main avec soi... Il la déposa au sol, si délicatement... Qui était-il ? Que pensait-il ? C'était flou, impossible à savoir. Comme le chaos intégral où on ne peut rien comprendre à ce qui arrive, dans la tête de Kazuma, ça paraissait la même chose. Une simple discorde où rien n'est rangé, une évasion furtive que tu ne vois pas arriver.

Pourquoi ? Pourquoi elle n'arrivait pas à savoir ce qui n'allait pas chez elle ? Kiies ne savait plus pourquoi elle n'arrivait plus à marcher ni même à bouger le moindre de ses muscles. Que se passait-il en son organisme ? Elle regarda Kazuma défendre Kate, sans rien dire. La prise fit tomber la Ball au sol et la fit rouler jusqu'à elle. Ses bras tremblants se rapprochèrent de la sphère et la jeune fille l'agrippa alors de ses mains fébriles. Kiies regardait Kate pleurer, impuissante... différente. Mais que pouvait-elle faire ? Elle était enfermée, et Kiies ne pouvait pas savoir comment l'ouvrir. Elle leva le regard sur le garçon qui venait tout juste de se faire plaquer au sol par Kazuma... Il était pathétique, mais la jeune fille en prenait pitié... Pitié qu'elle allait partager. Utilisant sa fameuse technique des yeux de biches pour qu'il lui dise comment ouvrir la Ball. Il la regarda une... deux... trois... quatre secondes. Quatre secondes avant de craquer, et lui avouer qu'il fallait tourner trois fois son doigt au-dessus de la Ball. Au moins, ça aura été vite fait. Kiies le fit, confiante et Kate sortit, se blottissant contre sa dresseuse... Peut-être celle-ci aurait dut être heureuse mais même en regardant son Pokémon contre elle et malgré son sourire, son regard était triste... Pourquoi ? Alors que sûrement ça aurait dut la combler, non, elle en était toujours déprimée... Que se passait-il ? Qui pouvait le savoir ?

Comme un vent qui souffle dans les deux sens... Un peu devant, un peu derrière. Pas tout à fait à gauche mais pas tout à fait à droite. Une tempête qui se prépare sans crier gare... Une tempête qui prend tout sur son passage sans jamais rien rendre. Elle ne m'a jamais rien rendue, elle non plus... Elle ? Qui est elle ? De qui parlait-elle ? Elle pensait à voix haute, sans même remarquer. Sortant son portable, elle regarda l'heure discrètement. Surprise que tout ce temps soit passé, elle tenta de se relever mais ses membres ne répondaient toujours pas... Elle leva la tête légèrement, montant son regard vers Kazuma... comme si elle attendait quelque chose de lui, mais quoi ? Que pouvait-il faire, de toutes façons, si même il ne pouvait pas comprendre ?

Sans jamais se soucier du pire, voilà ce que son père lui répétait sans cesse. C'était comme ça qu'il avait grandi, comme un Oiseau en cage, durant sa tendre enfance. Pas de mère à qui se confier, pas de père pour recevoir des câlins, simplement un oncle pour lui enseigner le Karaté, Le Kung-Fu, le Yoga, et tout autre art d'attaque ou de défense.Juste un bel ordinateur pour devenir le plus fort de la ligue du jeu, juste des écouteurs pour entendre la mélodie que l'on ne lui a jamais chanté. Un grand père qui cri sans s'arrêter car la vaisselle n'est pas faite, juste un pauvre oncle qui le fouette avec le sourire quand il ne sait pas faire une prise. Une liberté entre quatre murs, envoyée par la meilleure invention de l'homme : l'ordinateur. Un écran qui te dit ce qui se passe dehors, qui te fait rêver d'un monde meilleur, qui t'offre des possibilités infinies ; et dire que son père voulait qu'il devienne comptable comme lui. “ Pas qu'ça à faire” lui avait répondu maintes fois son fils. Dans un univers pareil, comment résister à la tentation infime de s'évader, comment résister à la vie de brute qui s'offrait à soit ? C'était pas compliqué pourtant, ce gosse aux cheveux noirs, il avait pas eut l'amour qu'il demandait ; simplement, le jeune homme avait reçu l'espérance d'un oncle qui rêvait de poursuivre une aventure que ce dernier n'avait pas pu faire.

Ce qui se passait dans la tête de Kazuma en ce moment ? Il fixait le corps sur le sol, en se demandant presque comment faire croire que ce n'était pas lui, sachant que ce dresseur avait encore une bouche pour parler. Trêve de bavardage, son envie se partageait entre lui détruire la bouche, ou laisser tout assumer. Un dernier regard vers la demoiselle qui enlaçait son Pokemon en pleurant, son choix fut vite fixé. Comme une tornade arrivant du nord, comme une sorte d'apesanteur, il s'était senti utile, Kazuma avait fait une bonne action. Comme enfermé dans un rêve, des vieilles images de jeux vidéos refaisaient surface dans sa mémoire, comme la dernière image de Mario qui sauvait Pitch. C'était pas grand chose, c'était juste son monde parallèle à lui, dans le quelle il était enfermé depuis sa naissance. Cette fille, quelque chose clochait chez elle, quelque chose de pas normal, d'attirant, de repoussant, d'ombre, de Lumière, quelque chose de subtile et grossier, quelque chose de pas normal, quelque chose qui faisait de lui un appât, un faible comme dirait son grand père. Sauver des inconnus, à quoi bon ? S'attirer des ennuis, c'est tout. Une phrase le fit revenir sur terre :

«Elle ne m'a jamais rien rendue, elle non plus... »
Une phrase toute bête, qui avait un sens aussi développé que ces signes gravés dans le cerveau de notre Chevalier. Un coup à droite, un coup à gauche, c'était tout ce qu'il savait faire ; mais sa réflexion était bien au dessus de tout ça, son éducation étant faite par des professeurs particuliers, le jeune homme avait le cerveau aussi développé qu'un pauvre ordinateur. Problème ? Quand il s'agissait de l'utiliser, ça devenait flou, et la réflexion durait éternellement en baignant dans un tas de données incompréhensibles. Comme un enfant voulant apprendre, comme un oiseau voulant essayer de voler, comme un gamin perdu au beau milieu de nulle part, comme un chat voulant attraper une souris derrière un mur, le jeune homme s'accroupit près de cette étrange jeune fille, sans savoir pourquoi. Un gros flou s'était faufilé dans sa tête, il ne se laissait plus que porter par l'instinct si incertain d'un pauvre collégien comme lui. Une voix douce, comme celle qu'il avait employé avec Kate, résonna donc aux oreilles alentours :

« De qui parles-tu ...? Tu es triste ... »
Un câlin ? Sûrement ce que n'importe quelle fille aurait demandé involontairement. Les yeux posés sur lui avec un air de Ponchien battu, comme si ce n'était qu'un idiot qui ne comprendrait pas, comme une lueur d'espoir, la demoiselle regarda son portable pour y voir l'heure. C'était peu crédible, tout ça. que voulait-elle ? Pourquoi paraissait-elle si affligée ? Qu'es ce qui pouvait bien se passait à l'intérieur de son mécanisme cérébral ? Il n'osait plus rien faire, le jeune homme caressait nerveusement son Delcatty, avec quelques "hu-hu" irréguliers et impassibles. Rien n'était plus en ordre, juste le son de la respiration du Pokemon brisait le silence, tandis que le dresseur passait son autre main à sa sacoche, comme pour vérifier la présence de ses Bests Friends imaginaires, comme pour vérifier qu'ils étaient toujours là, tout ses amis aux pouvoirs irréalistes.

« Que veux-tu ...? Tu veux que je te dépose quelque part ...? ... C'est... C'est à cause de moi que tu es comme ça ...? »
Tout en parlant, il fixait Kate, même si Kazuma s'adressait à la demoiselle. Rien n'était sûr, plus rien ne distinguer le rêve de la réalité.

Un pas qui résonne puis l'autre qui est sourd. Un pas bruyant, puis l'autre silencieux. Un pas distingué puis l'autre discret. Des pas différents qui se dirigent dans des directions opposées. C'était pareil pour les deux jeunes gens, l'un en face de l'autre. Ils regardent dans des axes opposés, ils marchent dans des directions à l'encontre de l'autre mais sans jamais se croiser. L'un était l'ombre, l'autre était la lumière et le lendemain, c'était pareil. Un démon et un ange, la force et l'habileté. Deux choses si différentes mais qui se rapprochent si fort du même monde. Deux directions qui mènent au même endroit, deux directions qui cherchent leur chemin pour retrouver l'autre, sans jamais de résultat. Un aigle qui survole les montagnes et une colombe qui survole les mers, pour s'envoler toujours plus haut. La destination est la même mais le chemin ne l'est pas, ce chemin où les pas se ressemblent tous jusqu'à ce qu'on entende les pas de son opposé. Les chemins se sont rejoints sans s’apercevoir, l'un fait dos, l'autre fait face. L'un voit tout, l'autre fait l'aveugle. Comme une chose à laquelle on voudrait pouvoir s'accrocher et qu'elle nous rattrape, comme une chose qui ne nous laisserait jamais tomber... Sauf que cette chose n'a pas posé le regard sur toi, et il faut recommencer. Encore une fois, marcher sur le même chemin, avec les pas qui se ressemblent tous, recommencer encore, s'obstiner... jusqu'à ce que la vérité se retourne à face et te regarde enfin, sans plus jamais t'abandonner. Mais ça, ce n'est qu'un rêve, un doux rêve qu'on voudrait tant qu'il reste... Car les chemins ne se croisent pas, ils ne se sont pas croisés... et «elle» est toujours dos tourné. Elle... qui est-elle ?

Kiies était-elle triste ou ne faisait-elle qu'en avoir l'air ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus, plus rien. Pire que ses membres qui ne répondent plus, pire que ses yeux qui ne changent plus de direction... Pire que ses pas qui font toujours le même son sans jamais apercevoir l'opposé. Comme si elle regardait dans la mauvaise direction, celle où elle croit que l'aigle va arriver, mais que finalement, elle ne le voit pas, car il est de l'autre côté. Comme dans une pièce ronde dont tu dois chercher les coins, comme dans une mer où tu dois chercher un lapin, comme une chose impossible et inexplicable, une chose hors d'atteinte qui nous échappe. De l'espoir. Ce n'était pas de la tristesse mais de l'espoir, caché au fond des yeux de la jeune fille. L'espoir de voir un jour l'opposé se montrer dans son champs de vue, même s'il est derrière. Alors pourquoi ne se retourne-t-elle pas ? A-t-elle peur ? Ou juste pas envie de voir son espoir s'envoler ? Qui peut savoir ? Peut-être même pas elle-même. Ses yeux regardaient Kazuma mais sans le voir, comme s'il était un mur transparent auquel on ne croit pas. Peut-être justement que c'est parce qu'elle croyait juste qu'elle dormait, qu'elle ne savait plus rien faire... Elle avait peur que tout ça... ne soit pas réel. "Ça ne peut pas l'être", se serait-elle dit. Elle n'entendit qu'une voix sourde parler dans le vent, elle n'avait même pas compris ce qu'il avait dit. Elle ne réagit pas, jamais. Son regard s'était perdu, son esprit avec. Elle s'était envolée, vers autre part...

Boum. Kiies venait de tomber, son front contre l'épaule de Kazuma. S'était-elle endormie ? Évanouie ? Kate ne réagissait pas, c'était signe que Kiies n'était pas vraiment en danger, non ? La créature regardait simplement sa dresseuse, comme si c'était habituel de la voir s'effondrer ainsi. C'était vrai, Kiies s'endormait souvent dans des moments improbables... sauf que son opposé ne le sait pas... car justement, il est son opposé. Il ne sait rien d'elle comme elle ne sait rien de lui car c'est dur de s'imaginer quelqu'un de complètement contraire à ce qu'on peut être... Kiies ne semblait ni paisible ni préoccupée... Son visage avait l'air triste, voire déprimé, comme celui qu'elle avait avant de s'écrouler. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui était-il différent des autres ? Pourquoi ne peut-il pas être comme tous ceux "d'avant" ?

L'oiseau s'envole sans jamais revenir ; la tortue marche sans jamais arriver à son point de destination. Tout se coupe, un accident les détournent de leurs destination pour une île faisant partis des rêves. Les humains ne comprennent pas, ils vénèrent des divinités incertaines, ils achètent des objets qu'ils croient mythiques, alors qu'en faite, c'est juste du toc bien déguisé. Pourquoi l'oiseau et la Tortue ne sont jamais revenus ? Personne ne le savait, personne ne le saura. Quand quelqu'un disparaît soudainement de nos vies, on se sent abandonnés, triste et solitaire ; mais quand c'est toi qui abandonne quelqu'un, que ressens-tu à son égard ? Rien, plus rien, juste une larme rouler sur ta joue endolorie. Tu es parti pour t'évader, tu es parti pour la liberté. Tu attends une nouvelle vie, tu te sens libre et sans plus aucune limite, comme un aigle qui venait de sortir d'une vieille cage rouillée, pour s'envoler vers l'horizon, par les vents alizés de l'Équateur. Tu sais que tu n'arriveras pas à toucher le but, tu sais juste que tu t'envole pour l'infini, que tu ne reviendras jamais. Es-ce bien, de ne jamais revenir ? Aucun regret de la part de K. Kazuma, qui venait de faire comme cet aigle furtif.

Tout avait changé. Cette liberté, il la revivait entre quatre murs, ceux de l'établissement, ceux de sa pauvre chambre. Rien que de l'espoir, voilà ce qu'il demandait ; cette demoiselle avait bouleversé son champs de données, c'était son opposé même, quelque chose de totalement impensable. Espérant une réponse de la part de cette jouvencelle, il n'en reçu que la tête de neige sur son épaule fébrile. Elle faisait une tête d'enterrement, comme si le plus grand des dilemmes était arrivé ; mais n'est-ce pas vrai, après tout ? Ne serait-ce pas Kazuma, le plus grave des dilemmes ? Un opposé dans tout les sens du termes, qui vient de casser quelques os en moins de dix minutes ? Ça pouvait porter confusion. Le jeune homme tourna son regard vers Kate, avec des yeux qui demandaient des explications face à la Belle au bois dormant ici présente. Son souffle calme de cet "Ying" le stressait, lui qui d'habitude affrontait toutes les situations avec une tête impassible. Ses sourcils étaient détendus, mais sa mine faisant semblant d'ignorer la chose qui reposait sur son épaule droite. Ses jours très légèrement rosées, il regardait Delcatty avec une sorte de, ce qu'on pourrait appeler, bien que ce ne soit pas son habitude, une sorte de chose qui se dessine sur les lèvres de quelqu'un de joyeux, une sorte de... Sourire. Kazuma n'était pas heureux, Oh ça non, il vous aurait sorti un “ Jamais été heureux dans c'te vie de m*rde, Hu-Uh... ” ; c'était comme si un aigle essayait de plaire à un serpent en montrant son plumage brun, juste une peine perdue qui aboutirait à la mort prochaine d'un des deux. Voilà, un très léger sourire rassurant, ou pas, avec un soupçon d'inquiétude. Ces personnes, il ne les connaissait pas, il ne savait rien d'elles, à peine si le jeune homme se souvenait du nom de l'endormie, ou du surnom de chaque pokemons présents. Kazuma savait seulement une chose : Kate. Cette magnifique Delcatty à la fourrure fuchsia, était déjà encrée dans sa mémoire.

Le collégien attendait donc que ce "Ying" se réveille, en regardant nerveusement sa sacoche noire, en tournant parfois ses yeux vers Kate, en soupirant, en lui caressant le dos. “ Juste un rêve, pensait-il, ça ne peut pas être réelle, c'est comme l'aigle qui reviendra pas... Je viens de me faire prendre aux filets d'un Pokemon rose et d'une dresseuse blanche... Faut le faire... ” Dans l'impossibilité de bouger, le gentleman prit une pokeball pour faire un petit jeu solitaire de ballon. Des pas commencèrent à se faire entendre dans le couloir, mais Kazuma n'y faisait même plus attention. Juste un rêve, au quel il voulait mettre un terme...

Cette fois-là, la dernière fois que la colombe aurait voulu s'envoler, il a fallut qu'elle retombe. Comme prise dans une marée noire, comme perdue à jamais dans l'ombre, comme si son double l'avait rattrapée sans plus jamais la rendre à son chemin d'origine. Prise entre les griffes de celui qu'on voulait trouver qui n'est pas vraiment lui. Mais qui est-il alors, s'il n'est pas celui qui volait au-dessus de la montagne, celui dont on veut entendre les pas ? Qui est-il s'il nous enlève à la terre sans jamais nous rendre ? Ça aurait put être n'importe qui... sauf lui. Comme les draps qui t'empêchent de sortir de ton lit, comme le réveil qui t'en arrache, le vent te faisant une caresse aussi désagréable que savoureuse, la mer qui s'entend même si elle est absente. On peut vouloir dire au revoir mais le plus dur est de prévoir la possibilité que ce soit un adieu. Cette voix qui m'appelle... n'est pas la sienne. Juste un pas semblable au sien, juste un pas qui n'est pas l'opposé. Cette main qu'il me tend... n'a pas sa chaleur. Juste un corps différent mais pas complètement, avec des ressemblances et parfois pas. Cette envie permanente de m'attirer dans son piège... tout ça... ce n'est pas lui. Kiies rêvait, un rêve qui aurait put paraître réel si jamais ça n'était pas un rêve, justement.

La jeune fille semblait mal à l'aise, bougeant une fois vers Kazuma, puis une fois à l'opposé, comme si elle recevait des coups, de temps à autres... Si bien qu'elle en tomba par terre, contre le sol et se réveilla aussitôt. Son visage semblait avoir peur, d'un coup, comme si on venait de lui retirer une chose précieuse qu'on menaçait. La dresseuse regarda par la fenêtre et fixa de ses yeux purs la lumière qui entrait par la vitre. Elle secoua la tête, ses cheveux prenant un minimum plus de volume à cause de la bousculade. Elle comptait se relever mais en avait-elle vraiment envie ? Elle ferma les yeux, Kate la fixait d'un air indifférent... Comme si elle venait de perdre tout l'amour pour sa dresseuse... Il y avait une certaine tension entre elles, pourquoi ? Qu'est-ce que la jeune fille pouvait bien avoir fait à son Pokémon ? Cette dernière se leva tranquillement sur ses quatre pattes et vint directement mordre Kiies qui serrait les dents, s'empêchant de hurler. Le sang coulait sur sa main, arrivant au sol et colorant les dents de Kate. Kiies la fixa, hésitante.

«Kate... Qu'est-ce que je t'ai fait ?»

La Delcatty ne répondit pas, allant juste s'asseoir auprès de Kazuma, l'air fier... Kiies ne comprenait pas, comment aurait-elle put comprendre ? Elle fronça les sourcils... Longtemps elle réfléchit mais elle ne trouva jamais de réponses. Peut-être ce qui expliquait que son mouvement fut le prochain que d'agripper la Pokéball de Kate et de la briser.

«C'est à ça que tu joues, alors ? Si tu ne veux pas de moi comme dresseuse alors je ne veux pas de toi comme Pokémon, comme ça on est quitte.»

Et elle partit, direction l'infirmerie, son sang faisant parfois une coulée au sol, montrant parfaitement son trajet. Kate fit quelques pas vers elle, comme hésitante... Elle n'était plus fière, elle n'était pas non plus fâchée... Elle avait l'air triste... Comme si elle venait de gâcher la plus belle chose au monde. Elle voulait que Kiies soit jalouse d'un Pokémon, elle voulait être reconnue par sa dresseuse, au lieu de ça, elle a été remise à sa place et de plus en liberté. Kate représentait beaucoup de souvenirs pour la dresseuse, concernant son père, sa jumelle, sa mère mais aussi des tas de choses inexplicables qu'avant ça, elle avait vécu... elle a abandonné sa mémoire en même temps d'avoir brisé la Ball. Kate hésitait à suivre Kiies... mais qu'est-ce que ça aurait donné, de toutes façons ? Elle commençait à avoir peur, elle se sentait à présent si seule... Elle se retourna vers Kazuma, l'air hésitant. Comme s'il pouvait faire quoi que ce soit...

Une chose perdue peut être retrouvée à condition qu'elle ne vous fuit pas.

Ce ne fut pas la première fois qu'un vent fort ou une tempête de neige arrêtait notre cher faucon. Cette fois-ci, c'est comme si à pleine vitesse, tout droit sans jamais s'arrêter, il avançait tel un vent alizé s'attrayant vers le nord, mais se stoppant par un mur invisible, ce mur qui le séparait de l'autre Monde, ce mur qui le laissait entrevoir la colombe dans les bras d'un autre, comme si elle ne l'avait pas attendu, comme si l'oiseau avait pris cet aigle ci pour lui même. Le faucon observait la scène sans pouvoir bouger, comme paralysé en l'air, sans crier, figé dans l'espace. Immobile, silencieux, comme un mouvement incertain, il commençait à perdre de l'altitude, toujours le même point fixe sur la colombe. Rien ne devait se mettre au travers de leurs chemin. Rien ne devait l'empêcher de la rejoindre. À présent, même un dieu ne pourrait pas le sauver. Toujours ce regard vif et indifférent, comme si tout autour de lui lui était égal. Plus rien ne serait comme avant. Tout avait changé, pour toujours. Son cœur battait, de plus en plus vite, comme si cette chaleur de demoiselle pétrifiée dans ses bras le consolait, lui redonné l'envie d'une vie nouvelle. Tout allait basculer.

Ce fut dans un tonnerre de son qu'on entendit la colombe se fracassait sur le sol ; c'est comme un morceau de vaisselle qui se brise, comme un adieu qu'on ne veut pas admettre. Juste un "plouf" sur l'azur phosphorescent des tropiques. Sans un geste, il regardait la scène, air grave et pensif sur le visage. Crack. Du sang. Juste un liquide rouge sans grande importance ; ça faisait mal, dans la poitrine. C'est comme si une vague de souvenir te revenait d'un coup, sans prévenir, comme ça. Que se passait-il dans la tête de Kate et Kiies ? C'était bien trop compliqué pour Kazuma... Juste il savait que Kate était jalouse. Rien que ça. Mais es-ce une raison pour mordre sa dresseuse ? Es-ce une raison de rester impassible à ses douleurs ? Un autre Krak. Celui d'une pokeball brisée. Des liens rompus, des personnes à oubliées. Un Pokemon tendu sur un plateau. Comment refusé un Pokemon aussi magnifique ? C'est comme si on te tendait ton plat préféré sans que tu puisse y goûter. Tu sens déjà la bonne odeur dans tes narines, mais tu sais aussi que ce bon repas n'est pas pour toi. L'aigle devait refuser sa bonne souris rôtie pour la donner à la colombe blessée. Que faire ? Ces situations n'avaient jamais existées dans sa vie antérieure. Le jeune homme se leva, silencieux, en sortant une pokeball de sa poche, regardant Kate avec la plus grande indifférence du monde. Il lui fit signe de le suivre, avant de se diriger vers l'infirmerie, d'un pas rapide. Pas cette fois, murmurait une petite voix dans sa tête. Son cœur battait, et ce fut bien une des premières fois où Kazuma l'entendait. Finalement, le gentleman pût rejoindre rapidement la jeune demoiselle sans qu'elle soit encore entrée dans l'infirmerie.

Que faire ? Un baiser ? Une caresse ? Rien de cela n'avait de sens pour lui, lui qui n'avait jamais reçu le moindre amour de quiconque. Juste un rêve et un devoir à accomplir pour son grand-père. Juste ça. Kazuma n'était qu'un objet de famille, que tout le monde voulait s'approprier en lui disant des mots agréables ; mais il savait que ça ne marchait pas comme ça. C'était autre chose. Pas de mots, pas de gestes, juste des larmes qui roulaient sur ses petites joues d'enfant. Non il ne pleurait pas. C'était le souvenir qui pleurait. Kazuma posa ses mains sur les épaules de Kiies, lui mettant une pokeball dans le creux de son autre main. Le jeune homme lui chuchota, avec un ton plutôt enjoué de sa part.

« Elle ne sait plus comment faire pour s'accaparer ton attention, demoiselle de neige. Comment te comprendre, Kiies ? Attrape ton amie, avant que d'autres s'en emparent pour la maltraiter. »

Le dresseur sortit un chiffon de son sac, avant l'enroulait sur la main de la jeune fille, pour arrêter l'hémorragie. C'était juste un rêve, se disait-il. Et l'aigle se remettait à voler, comme tout près de son opposée.

Emparer. S'emparer. Ce mot est doux et savoureux, ce mot est délicieux et à la voix insurmontable. Comme si le besoin de s'approprier une chose est essentielle. Un besoin qui torture corps et âme mais qui peut aussi rendre jaloux la personne qui voulait s'en emparer avant celui qui l'a réussi. Désirer. Le désir de s'emparer devient un désir de voler, le désir de s'approprier. Désirer une personne peut être mortel ou en tous cas douloureux. Regretter. Un mot aussi douloureux et attristant que ça ne peut être que somptueux, vouloir y gouter est un crime impardonnable mais également tellement agréable. Regretter est une chose que tout le monde a déjà vécu, mais regretter une personne que l'on désire, regretter de ne pas avoir été assez rapide est une autre chose... une chose délicieuse qui nous fait s'accrocher aux espoirs... Oui... Espérer. C'est pareil pour la colombe et l'aigle. Un autre a été plus rapide tandis que l'aigle a hésité. Il voulait s'emparer de la colombe, elle voulait se laisser kidnappée et finalement, c'en est un autre qui s'en est charger. Il a voulu se l'approprier, ça a été trop tard. Il la désire comme elle l'a désiré. Il regrette, de ne pas avoir été assez rapide, elle regrette de ne pas l'avoir vu dans son horizon. Il espère qu'elle remarque qu'il n'est pas lui, elle espère avoir la force de se libérer. L'autre a été trop rapide, mais il n'a pas atteint la colombe, car elle attend toujours que l'aigle arrive sur son chemin. Elle attend toujours que le "vrai" arrive, sans savoir s'il est déjà arrivé... Elle espère.

Elle est partie.
Elle a fuit l'autre, sans jamais retrouver l'aigle.
Elle s'est retournée.
Elle l'a vu.

Devant elle, l'aigle était là, il la regardait, elle a hésité. Pourquoi ? Alors que cela faisait si longtemps qu'elle attendait qu'il arrive, pourquoi était-elle hésitante ? Pourquoi ne voulait-elle pas admettre que c'était lui ? C'était trop rapide pour elle. Comme l'autre était trop rapide pour l'aigle, l'aigle était trop rapide pour la colombe. Était-elle lente ou alors justement, était-ce eux qui étaient trop pressés ? Elle n'avait pas le temps de réaliser... que c'était vraiment lui.

«Elle ne sait plus comment faire pour s'accaparer ton attention, demoiselle de neige. Comment te comprendre, Kiies ? Attrape ton amie, avant que d'autres s'en emparent pour la maltraiter.»

Demoiselle de neige qu'on ne sait pas comprendre... Un "autre" qui veut s'emparer du désir... C'est toujours la même chose, c'est toujours un cercle vicieux rempli de jalousie et de désir, de désir mais aussi de fuite. Comme si c'était dangereux d'être désirée. Que pouvait-elle dire, de toutes façons ? Kate venait de la mordre et son excuse aurait été de vouloir attirer son attention ? La créature était venue avec Kazuma jusqu'à "sa dresseuse". Elle la regardait, son regard perdu et naïf avait comme un côté attachant et à la fois détestable.

«Elle ne doit pas. Elle n'a pas à essayé d'attirer mon attention... Elle l'avait déjà toute entière. C'est la seule que je laisse hors de sa Pokéball en permanence, c'est la seule qui mange à la cafétéria pendant que je vérifie si personne ne peut l'empêcher. C'est la seule à qui je brosse les dents tous les jours et c'est aussi la seule qui dort avec moi. Je ne vois pas comment elle a put croire que j'en préférais un autre.»

Kate baissa la tête, comme honteuse. Kiies la regardait, elle ne semblait pas la juger, son regard était tellement passif. C'était trop dur de savoir ce qu'elle allait dire ensuite. La Pokéball dans sa main, elle ne semblait pourtant pas vouloir l'utiliser. Alors ce serait comme ça que ça se passerait ? Kate ne sentait pas la même chose, pourtant. La dresseuse redonna la Ball à Kazuma et soupira.

«La Ball que j'ai brisé est différente. C'était une Luxe Ball, la plus confortable, une que mon père avait réussi à trouver... du temps où on ne le croyait pas mort... du temps où il savait nous prendre dans ses bras.»

Elle ne semblait pas triste mais pas contente pour autant. Ni fâchée ni enthousiaste. Qui aurait put savoir que son regard n'exprimait que de la compassion ? La jeune fille agrippa son sac et de sa main blessée, en sortit la même Ball, la Luxe Ball, la plus confortable... Kiies la tendit vers Kate, délicatement, d'un air tellement fragile et sensible, comme si ce n'était qu'une poupée...

«Il me l'avait donnée en même temps que toi... Et je l'ai gardée, pour le meilleur Pokémon, le seul qui pourrait la mériter. Je n'avais trouvé que toi, mais je te préviens tout de suite, si tu me mords encore, je n'hésiterai pas à la briser, peu importe la valeur de la Ball.»

Kate s'approcha et tapa sur la Ball de sa patte, ayant pour effet de l'ouvrir et entrer dedans. Kiies s'assit sur le sol, le dos contre un mur, les jambes relevée contre sa poitrine. Ses mains tremblaient, tenaient la Ball de Kate fébrilement. Ses yeux purs la fixaient sans un mot, comme un objet précieux à laquelle il faut veiller... Un trésor qu'il faut garder à tous prix. Cette fois-ci, il n'y a plus de désir, car elle a réussi à s'en emparer, sans le moindre effort...

Ne cours qu'après ceux qui te cherchent.

La vie prenait un sens divague et incertain. Tout ceci n'était qu'un labyrinthe sans fin, où l'issue finale serait la mort. C'était comme ça qu'il voyait la vie. Un labyrinthe où chaque mur est un obstacle, un labyrinthe où chaque trouvaille est une étape de plus. Juste ça. C'est comme l'imagination qui s'envole en un souffle, un rire qui s'en va au loin. On ne peut pas changer le destin ; surtout quand cette colombe arrive enfin juste en face, et qu'on peut l'effleurer du bout des doigts. Tout tourne, tout s'arrête. Rien n'allait plus chez le dresseur. Qu'allait-il faire de cette colombe ? La manger ? La protéger ? La mettre en cage ? Juste posséder son cœur pour le plaisir... Ou pour autre chose. Enfin leurs regards se croisaient, et c'est maintenant qu'il ne savait plus quoi faire. Comme si il avait mordu à l'hameçon, comme si il venait de mourir tel un poisson péché. Le bout du labyrinthe, tout s'arrêtait.

Quand on te tends une pomme, tu la prend. Sauf que quand on te rends un cadeau, tu fais une mine triste et incompréhensive. C'était le cas de Kazuma. On venait de lui rendre une pokeball, sans qu'il sache pourquoi. C'est comme dans Blanche-neige, elle aurait dû lui rendre, cette pomme rouge. Là c'était : Non j'aime pas ton cadeau, je te le rends, j'en ai un mieux, c'est mon papa qui me l'a offert. L'aigle voyait ça sous cette angle. Il rangea donc sa pokeball dans son sac, en s'asseyant péniblement sur le sol. Tout finissait bien, apparemment. Et c'était sûrement grâce à lui. Un très léger sourire illumina pour la première fois son visage impassible et renfermé, comme pour se féliciter lui même d'avoir aidé en quelque chose. Le bébé marche pour la première fois, puis il se met à parler et commence à apprendre. Nouvelle vie, nouveau départ. Le prince de glace venait de naître, et c'était le dresseur à la peau métissé. Rah, qu'il était fier... Mais son courage s'anéantit vite quand Kazuma se rendit compte qu'il était le seul à être fier de lui, aucun mérite ne lui sera donné. Une erreur, peut-être. Un sourire au quel personne ne fera attention, un sourire offert à une humaine pas comme les autres. D'ailleurs celle-ci vont s'asseoir près de lui, en observant sa pokeball. Silence dans la salle. Il reprit son visage impassible et froid, personne n'aura donc à lui dire qu'on aimait bien son sourire tendre, à part peut être cette demoiselle de neige, qui avait dû ne même pas posé un œil sur lui.

« Dis... T'as pas trop mal ...? »

C'était trop tard. Trop tard pour fuir et trop tard pour rester là. Il fallait juste attendre qu'un miracle passe sur la route. Qu'un miracle libère la colombe des chaines qui l'emprisonnent entre le sol et le ciel mais dans aucun des deux pour autant. Son âme est enfermée, son cœur est cadenassé. Alors qu'elle venait de voir l'aigle dans son horizon, alors qu'il venait de lui apparaître, comme si c'était ce "miracle", il a fallut qu'elle n'y croit pas. Qu'elle pense juste que c'est un rêve. Comment une si belle chose aurait-elle put être vraie, après tout ? La colombe se débat de ses chaines, de la cage et des cadenas, mais sans succès. Elle essaie de fuir car elle a peur de l'aigle qu'elle croit un faux. La peur anéantit l'espace, elle tombe sans jamais arriver au sol, elle vole sans jamais arriver au ciel, elle va à droite, à gauche, sans jamais retrouver le chemin qu'elle suivait dans l'espoir de trouver la vérité, l'aigle qu'elle attendait. Il était pourtant là, devant elle, devant ses yeux. Mais comment y croire ? Elle n'y arrivait pas, c'était trop dur d'imaginer un seul instant une réalité pareille. Elle a finit pas trop espérer, si bien que ça a détruit la réalité à ses yeux.

Kiies semblait perdue, le regard fixe, comme sans intérêt et à la fois absolument fascinée. Que pouvait-il se passer en elle pour qu'elle ressente un tel sentiment ? Qu'est-il arrivé à la colombe pour qu'elle se brise les ailes mais ne tombe jamais ? Son regard restait sur la Ball... jusqu'à ce qu'elle entende la voix de l'aigle. Était-ce vraiment lui ? Ou juste un rêve ? Comment pouvait-elle vérifier, de toutes façons ?

«Dis... T'as pas trop mal ...?»

Douleur. Kiies tourna la tête vers et baissa le regard jusqu'au sol. Elle rangea l'objet sphérique dans son sac et le ferme, le reposant au sol. Que devait-elle dire, de toutes façons ? Elle avait mal, oui. Mais est-ce une notion vraiment objective, la douleur ? On peut avoir "très" mal, mais "trop" mal ? Kiies ne savait pas quoi dire... En fin de compte, elle n'a jamais vraiment sur.

«La douleur peut être variable selon une personne. Si je te dis que j'ai mal, tu ne l'interpréteras pas de la même manière que la douleur me prend à moi-même...»

Oui, c'était ça. C'était ce qu'il fallait dire, ce qu'il fallait "vraiment" dire. Elle se laissa tomber sur Kazuma, ou en tous cas, sur son épaule, comme si elle était fatiguée. Elle ne voulait plus se relever... pas toute seule. De toutes façons, elle n'y arriverait pas. D'un coup, ses yeux se posèrent sur les mains du jeune homme. Pourquoi est-ce que d'une seconde à l'autre, elles étaient devenues un centre d'attention ? Elles étaient belles, les os bien structurés, habiles, fines sans trop l'être, de belles mains. Kiies ne l'avait pas remarqué avant... Elle afficha un petit sourire en tendant ses mains vers les siennes, les agrippa et les mettant sur ses genoux, comme pour le voir. Elle passait ses doigts entre les siens, son regard parcourait ses mains comme un trésor, une richesse.

«Elles sont belles, tu sais.»

Cette seule phrase semblait étrange, mais Kiies la pensait sérieusement. Oui. Elles étaient belles, bien formées. En général, ce qu'on voit plus souvent, ce sont des mains brutes et trop grosses, mais là, elles étaient simplement parfaites. La jeune fille ferma les yeux. En fait, ça lui rappelait seulement quelqu'un... Quelqu'un... dont elle n'arrivait plus à se souvenir...

Rien de tout cela n'aurait dû arrivait. Tout ce qui se passait n'était que le fruit de son imagination fertile. C'est ce que pensait le jeune homme au coeur de pierre. L'aigle s'accrochait tout de même à ce rêve étrange, qui le poussait à venir vers cette belle inconnue, qui le poussait à lui parler sans grand intérêt, et c'était bien la seule à qui il avait affiché un sourire silencieux. Il se sentait en sécurité avec elle, et lui même voulait la protéger, ou plutôt, ce que Kazuma laissait à croire, c'est qu'il voulait protéger ses pokemons. Que pensait-il derrière sa carapace ? L'aimait-il réellement ? Non, ce garçon n'en avait pas l'impression. Pourtant, rien ne laissait à croire qu'un jour ou l'autre il tomberait dans le piège déguisé de cette demoiselle de neige. Rien de tout cela ne pouvait être vrai. Non, rien.... Il n'y croyait tout simplement pas, mais une petite voix qu'on appelait destin lui disait de croire, enfin.

«La douleur peut être variable selon une personne. Si je te dis que j'ai mal, tu ne l'interpréteras pas de la même manière que la douleur me prend à moi-même...»

Ce qu'elle avait dit. La douleur, c'est comme ton corps transpercé par une flèche, ou alors juste ton cœur qui bat plus vite, qui tue ta poitrine au point de t'en faire baver au niveau du cerveau. Des douleurs qui ne sont pas physique mais morales, c'était comme ça que Kazuma comprenait. Mais comment réconforter et soigner une pareille douleur ? Lui même ne savait pas, il ne savait rien.
Le jeune dresseur désigna le cœur de la demoiselle, avant de déplacer son doigt vers sa main.

« Es-ce là...? Ou bien là que tu as mal ? Peut être les deux, hu-hu... »

Pour clore le tableau, voilà qu'elle s'effondrait sur son épaule. À partir de là, tout devenait flou, divague et difforme. Plus rien n'était pareil. Les paroles de la jeune fille l'intriguait, en plus de ses gestes déplacés. Le voilà arrivé face à elle, ses mains enliassées aux siennes. Que disait-elle, à ce moment là ? Ça n'avait pas l'air de la gêner, elle qu'ils soient comme ça. À quoi jouait elle ? Elle essayait de faire rougir notre brave dresseur ? Pour lui, ça ne se passera pas ainsi. Son visage restait de marbre, ses paroles de glace. Il luttait à présent contre la vivacité humaine.

« ... Merci hu-hu... Pour moi c'est que des mains comme les autres. »

«Est-ce là...? Ou bien là que tu as mal ? Peut être les deux, hu-hu...»

Peut-être les deux, peut-être qu'un seul, elle ne savait pas et ne voulait pas savoir. Elle avait ignoré sa question comme si ce n'était qu'une réflexion personnelle, comme si c'était juste pour le dire, pas pour avoir un répondant. De toutes façons, ça n'avait pas vraiment d'importance... Ou en tous cas, pas pour la colombe.

Comme les autres. On ne peut plus jamais trouver des choses différentes sans qu'on vienne tout gâcher en te disant que tout est comme tous les "autres". Pourtant... L'aigle n'est pas comme les autres aux yeux de la colombe et celle-ci n'est pas comme les autres aux yeux de l'aigle. Voilà ce qui diffère chacune des personnes qu'on rencontre. C'est par rapport au regard qu'on leur accorde. C'est pour quoi les mains de Kazuma sont différentes, Kiies leur apportait un regard différent des autres. Un regard à la fois fasciné et admiratif.

«... Merci hu-hu... Pour moi c'est que des mains comme les autres.»

Comme les autres. C'est toujours comme les autres. Kiies aussi les épaules, "comme les autres", elle n'avait pas envie de répondre, en réalité. Elle leva les yeux vers Kazuma et lui adressa un doux sourire qui voulait à la fois tout et rien dire, juste un sourire dans le vent qui s'envole ensuite... Qui s'envole comme la colombe enchainée au sol mais qui vole quand même. Kiies venait de se lever, après avoir dédié juste quelques mots à l'aigle.

«Merci pour ce que tu as fait, aujourd'hui.»

La colombe avait une dette envers l'aigle mais à la manière de la fuite, elle partait... Elle était partie. La colombe venait de s'envoler loin de l'aigle, alors qu'elle venait de le trouver. Elle n'est plus là, elle l'a laissé seul, avec même pas un "au revoir", comme s'ils étaient toujours connectés.

La colombe s'est détachée...
Elle a réussi à s'envoler
En quittant le sol.

{Je suppose que le RP est fini ? O: Si oui alors je veux bien en recommencer un. \o/ Une fois que t'as lu ça, tu m'envoies un MP, hein, qu'on se fasse pas la discussion sur un RP. xD}

Quand le vent souffle à ta figure, tout s'envole autour de toi. C'est comme l'aigle, qui reste paralysé sur sa branche d'arbre en attendant que l'orage passe. De la pluie, de la grêle, rien ne pourrait le faire bouger de son perchoir. Cette douce colombe qui venait se poser sur cette même branche, disparaissant à même le vent. C'était juste un rêve. Un rêve doux et incertain qui donnait à l'aigle l'impression de nager dans le bonheur soumis face à ce petit oiseau blanc. Les filles c'est vraiment bizarre, surtout quand elles s'appellent Kiies. Le mot bizarre n'a pas de sens, pourtant, aux yeux de Kazuma. La normalité n'existe pas ; être comme les autres c'est l'objectif qu'il s'était fixé. Sauf qu'il n'y arrivait pas ; faire les choses autrement que ce qu'il pouvait faire n'était simplement pas envisageable. Il était toujours assis, contre le mur, la suivant du regard quand elle partit.

« De rien ... Demoiselle de neige... »

Plus rien ne serait pareil, ou plutôt, tout redevenait soudainement normal, tout redevenait monotone, et seul ses mains encore chaudes sous la chaleur de la première personne qui avait fait ça donnait de la couleur à sa vie. Envolée, arrivée comme un coup de vent, partie comme une rafale. L'aigle se releva, avant de rejoindre le parc, derrière l'établissement. Il sortit Lucario de sa pokeball.

« Tu sais toi, pourquoi l'aigle ne revoit jamais la colombe ?... »

Question stupide, il se remit à parler face à son meilleur ami. Ça ne tournait plus rond, et Lucario s'exaspérait de le voir ainsi. Des phrases inutiles, des paroles en l'air, le jeune homme racontait simplement sa journée, avant de reprendre son livre de Jules Vernes.

«... Plus rien ne sera comme avant, Lucario. »

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